Le Prépaou : au fond, à droite...
Une petite cité, un petit marché. Et dans un coin, le Rassemblement national ! Rose Criado distribue ses tracts : « Avant, on n’arrivait pas en tête ici. Mais, avec 34 % aux européennes à Istres, on espère bien gagner. Et, au Prépaou, on est très bien reçu. On vient dire notre soutien aux citoyens. Qui, le soir, n’osent plus sortir. D’abord parce que l’éclairage est en panne. Mais aussi parce que, dernièrement, il y a eu des coups de feu ! » Son explication ? « Avec la métropole, on a récupéré des gens de Marseille. »
Autour des étals, ça ne cause guère. Pour la ou les politique(s), il y a peu d’intérêt ou d’estime. Une habitante, originaire de Lorraine, dit la peur de sortir, l’envie de partir. Pour Sébastien qui promène son chien et son fauteuil roulant, « c’est tous des magouilleurs ». S’il vote, ce sera « pour ceux qu’on n’a pas encore essayés ». Amar, boxeur à la retraite, est plus disert. La politique, « il s’y intéresse de près ». Mais n’a « pas le droit de vote ». Il a attendu la mort de son père pour demander la naturalisation. Pas sûr qu’il puisse voter. Il sait déjà pour qui. Mais il ne le dira pas.
Dans un petit immeuble, un trio organise un « vide-maison » suite au décès de celle qui « a vécu ici 40 ans. Elle avait la mercerie. Moi le tabac. Le quartier, on le connaît. Ça n’a pas toujours été comme ça », soupire la doyenne. Mais, comme le dit sa fille, « quand on a un souci, on s’adresse directement au maire ». Votera-t-elle pour lui ? « C’est personnel… Pourquoi ? C’est lui qui vous envoie ? »
Ça grince !
Dans les allées, ça s’affaire. Tandis que la police municipale refuse de nous répondre, devant la mairie annexe en travaux, un entrepreneur prend les ultimes mesures du blockhaus qui fera office de « salle d’attente ». Et, au pied des bâtiments, les bordures sont repeintes en fluo. Ancien du NPA, Adil Fajry cite lAM : « C’est toujours la même merde derrière la dernière couche de peinture. » Celui qui milite au sein du collectif « Car t’y es libre » interpelle jeunes et moins jeunes : « Tu veux dire au journaliste ce que tu penses du quartier, de la politique ? » Ça grince : « Tout est beau, tout va bien, merci Monsieur le maire ! »
Adil, lui, est amer : « Dans les quartiers, y a des gamelleurs, des naïfs mais surtout des passifs. C’est grâce à eux que ceux qui dominent restent en place. » Et de pointer, pêle-mêle, le « turn-over » au centre social, le club de foot « et ses terrains pires qu’en Bosnie », les « caméras » qui ont fleuri et « l’éclairage en panne ». Et de se demander si le RN ne serait pas le « meilleur ennemi ». C’est en tout cas la cible privilégiée du maire sur sa nouvelle page Facebook.
Pendant ce temps, Thierry Blanc, l’ancien directeur des sports, vient d’être investi par LREM. Robin Prétot (LR) commence, lui, sa tournée des quartiers et l’ancien maire Michel Caillat est adoubé par EELV. En 2014, Salim Djerari avait cette étiquette. Faute d’alliance avec la gauche, il avait rallié le maire. Aujourd’hui, patron de l’association des locataires, il est remonté. Il a autant de griefs que de projets. Au point de réclamer des « états généraux des quartiers sud ».
Pour l’heure, se dessine une extension du centre social et un déménagement du poste de police municipale. Il est midi, les agents vont manger. Le point de deal peut s’installer. Et les voitures tourner dans les allées. Le petit marché s’en est allé. Le RN aussi. Jusqu’à quand ?