Engagez-vous, qu'ils disaient...
Au printemps, le gouvernement a lancé sa campagne pour le Service national universel (SNU). Même s’il ne s’agissait cette année que de volontaires, quelques incidents ont déjà montré que ce n’était pas aussi idyllique que la propagande le laissait entendre. Quant au « brassage social » tant vanté, ce n’est que de la poudre aux yeux. L’égalité sociale, ce n’est pas se retrouver au même endroit quelques semaines dans toute la vie. Ça passe par la fin des discriminations et des inégalités, la reconnaissance des méfaits du patriarcat, du colonialisme, des racismes et exclusions, de la captation par une minorité des moyens de production et d’échanges et de l’exploitation de la majorité qui en résulte… Pas vraiment le programme du SNU ! Au-delà des conditions matérielles, non négligeables, le Service national universel que le gouvernement veut rendre obligatoire, à compter de 2026, pour les jeunes de 16 ans, c’est :
– Une opération de soumission de la jeunesse : il s’agit d’inculquer un esprit d’obéissance aux règles, un respect absolu des normes… Qui, pour la plupart, ne visent qu’à perpétuer les inégalités et injustices inhérentes à l’organisation actuelle de la société. Cette volonté de soumission passe aussi par un contrôle renforcé, notamment à travers la mise en fiches de tous les jeunes de 16 à 25 ans. On sait comment ce genre de fichier peut être utilisé ! Volonté de soumission, enfin, car elle ne reconnaît comme « engagement » des jeunes que les dispositifs étatiques.
– La remise en cause des droits des travailleurs et travailleuses. Les jeunes du SNU seront utilisés pour remplacer des emplois aujourd’hui occupés par des employés qui ont un salaire, une convention collective ou un statut, la possibilité de s’organiser syndicalement, des droits individuels et collectifs. Avec le SNU, chaque année, 800 000 jeunes seront exploités, sans aucun de ces droits, pour des durées variables. Ils seront très vivement encouragés à poursuivre leur « engagement volontaire » par un service civique, dans les mêmes conditions de précarité.
– Des dépenses considérables : 6 milliards d’€/an, selon un rapport sénatorial. 1,5 à 2 milliards dit aujourd’hui le gouvernement. Ces milliards seraient bien plus utiles pour le service public de l’Éducation qu’aux mains des militaires !
– Le renforcement de la militarisation. Encadrement militaire, levée du drapeau, chant guerrier, uniforme, parcours du combattant, raid commando contribueront à l’endoctrinement des jeunes. La propagande visera à banaliser encore plus le rôle de l’armée, alors que celle-ci est en pointe dans la répression, sur le territoire français, dans les colonies et diverses régions du monde. Sans surprise, il n’est nullement question dans le programme de pacifisme, de non-violence, ni de remise en cause du rôle de l’armée.
Le gouvernement nous dit : « Il faut que les jeunes s’engagent. » Mais c’est déjà le cas ! Ils s’engagent pour lutter contre le racisme, pour que cesse la destruction de la terre, pour défendre leur droit à étudier, pour le partage des richesses, pour le droit au logement, pour l’égalité des droits et contre les discriminations. Ce n’est pas à l’État de les forcer à s’engager ! Comment peut-on parler d’apprendre la citoyenneté, lorsqu’on confie l’encadrement à l’armée (qui, par ailleurs, n’était pas demandeuse) ? Non au SNU ! Abrogation du SNU !
Ce texte est repris par la plateforme de campagne unitaire contre le SNU signé, outre Solidaires, par, entre autres, l’Union pacifiste, la fédération « éducation » de la CNT, la Fédération des associations générales étudiantes, celle de la Libre pensée, Droit Devant, EELV, la FA, l’Union communiste libertaire, Radio Libertaire, S!lence…