« Non à toutes les formes de violence »
« Je l’ai répété toute la semaine, on recommence à zéro. » Assez vieux pour avoir vécu La marche pour l’égalité et contre le racisme de 1983, Dramé est dépité de revoir le même type de mouvements se reformer 30 ans plus tard parce que les élus préfèrent se consacrer à « leurs batailles d’ego ». Mais Dramé sourit : « Je suis là. »
« Là », c’est à la manifestation du 1er juin organisée à Marseille par le collectif éponyme pour dénoncer toutes les formes de violences dans les cités populaires de la ville : violence physique des règlements de comptes, mais également sociale, économique. Un collectif monté par des mères, épaulées par des directeurs de centres sociaux et des éducateurs. Une vingtaine de quartiers y sont représentés.
Preuve que l’initiative est un vrai retour aux années 80, le cortège s’ébranle de la gare Saint-Charles au son de « SOS Ethiopie » des Chanteurs sans frontières. Heureusement revisitée : « Loin du cœur et loin des yeux, de nos villes de nos banlieues, nos quartiers meurent peu à peu », etc. Direction la préfecture, où une délégation remet 23 propositions au préfet de police, Jean-Paul Bonnetain, et à la préfète déléguée à l’égalité des chances, Marie Lajus. En vrac : création d’une instance de dialogue « au plus haut niveau », ouverture des piscines, des terrains de sport et gratuité des transports pour les jeunes l’été, égalité face aux services publics entre quartiers pauvres (nord) et riches (sud), etc.
Beaucoup de médias et de politiques sont présents, dont tous les candidats à la primaire socialiste, habituellement rarement présents à ce type d’événements. Mais surtout des mères, des ados, des familles. Un peu de Marseillais solidaires aussi. Des pancartes enfin. Pour annoncer les cités présentes et dire « Non à tous les formes de violences ».
Mais aussi pour pousser des coups de gueule. L’écriteau d’Ines et Lyli B. puis Ben. – Lyli a finalement envie d’afficher son identité ! – et de leur copine demande : « Egalité des droits, égalité de traitement, justice partout et pour tous. » Toutes les trois portent un t-shirt à la mémoire de Yoyo, l’ancien petit ami d’Ines. « Il faut que quelque chose bouge, on veut se faire entendre, explique la jeune femme de 21 ans. La police est venue à Marseille mais rien n’a changé. Pourquoi les 10e et 7e arrondissements sont bien desservis par le métro et le tram alors qu’il n’y en a pas pour nous ? » Réponse un peu plus loin dans le cortège où une pancarte tonne : « Cité Bassens en grève. ZSP, ZFU, ZEP, ZUS, nous sommes des Zonards à vos yeux. »
Jean-François Poupelin