Moi, Soprano, dieu du stade
Un-deux, un, deux, trois, qui t’es toi ? Tu lèves les bras avec ton sourire et ton bonnet rouge… Tu crois que tu peux me pourrir ? Eh ben vas-y alors, bouge ! Je suis Sopra de Marseille, le minot, premier rappeur de France à remplir facile les stades. Moi aussi je porte des chapeaux, mais les miens tout le monde les bade. Tu penses que je suis vendu depuis que je suis sorti de la rue. Mais « je rallie l’ancienne et la nouvelle génération » (1). Pendant que toi tié un barbon. « Faudrait que je fasse le voyou pour plaire à des journalistes. » (2) Au dessus de tous ces rappeurs qui ne pensent qu’à survivre / j’ai « mélangé les genres et les styles depuis tellement d’années qu’ils n’arrivent plus à suivre ». (3) Hip-hop, techno, raï, pop, variét’, musette, je mélange tout, t’entends. Alors oui ils me taillent « mais on taille que les diamants » (3). Mes punchlines et mon flow, ils les prennent direct dans les dents ! J’ai pas besoin de muscu, d’arts martiaux, ni de kalach / je suis épais comme Jésus, mais mes paroles te hachent. Tu veux te battre dans un octogone ? Le mien c’est le stade Vélodrome !
Je clashe personne nommément, je suis bien trop gentil pour ça. Je veux « casser les clichés du rap » (4), alors laisse tomber, tarba ! « Vulgarité, négativité, violence, ghettoïsation » (4) : déjà dans les Psy4 de la Rime, je tombais pas dans ce piège à con ! Quoi ? Tu dis que mes textes, c’est que des bons sentiments ? Que je parle que de grands principes, jamais trop viscéralement ? J’aime Kenny Arkana, j’arrête pas de le répéter (5). Comme elle je suis révolté, mais pas autant énervé. Comme Kenny je suis américain, mais plutôt côté ricain. Fini les gigs dans les squats et les skeuds autoproduits. Mes shows sont pharaoniques, ils t’enterrent sous la technique.
« Tout ce qui divise, ça me casse un peu les pieds. »
« J’ai promis d’être vrai, j’ai pas promis d’être pauvre » (1). Alors j’invite la terre entière pour faire des featuring, j’ouvre à toute la planète rap. Ça croise nos publics, ça booste ma puissance de frappe ! Faut dire que j’sais y faire, j’ai des bonnes dispositions. Même l’autotune (6) sur ma voix, ça fait pas du tout bidon ! Quand je rappe avec Jul, ça déchire comme dans Batman, et même avec Fiori, sur paroles-musique Goldman ! Eh ouais, la chanson française, je l’aime pour de vrai cousin. « Aznavour, c’était un rappeur, tout comme Brel » (7), tu doutes de rien ! Tia compris je suis un sage, un bon gars mignon tout plein. Même les teubés de The Voice, je les juge pas avec dédain. Tu rappes comme une casserole / écoute / je roll / je déroute / vocalises (8) / une prise / j’rafle la mise / ego-trip / mais j’montre mes flips / quand je taille mes veines (9) / quand j’ai la haine / contre c’crabe qui a bouffé Styles (10) / « majeur en l’air j’accélère (8) » / pas le droit d’être triste / « être down, c’est être égoïste (11) ».
Pour rester fly, je fais de la maille, pas racaille, de la pub pour des stylo Bic français (12), des phones Wiko chinois (13), des leçons de math en rap (14) : je vous lâche jamais la grappe. Tu dis que j’me gâche à faire des gâches, du cash, fais gaffe, coup de hache, je te mâche, tu lâches. Te casse pas : « ta carrière ne décolle pas. La mienne est tracée à la règle, la tienne au compas ! » (1). Je suis né dans les quartiers nord, j’ai grandi à Plan d’Aou. Je suis français, comorien, musulman, marseillais : j’ai « le monde comme voisin de palier » (15). J’ai signé pour Noailles, pour les familles délogées (16). Je chante un monde « loin des amalgames politiques, ce soir plus personne ne nous divise, oui ! » (17). Le grand soir arrivera pas, tu trouves que je fais mon Oui-Oui ? « Tout ce qui divise, ça me casse un peu les pieds, et c’est ce que je combats par ma musique » (18).
Prends ça dans tes oreilles, et fais-en du satirique ! Je suis engagé, mais je suis pas non plus teubé : Le Pen à 34 %, « le FN veut me voir dans un grand zoo » (2), va falloir se mobiliser ! L’amour et la bonne humeur vont pouvoir tout arranger. Et puis surtout l’intégrité. Être fidèle à ses principes, marcher dans le pas de ses darons. Ça a l’air de te faire sourire, mais en vrai c’est loin d’être con ! Je suis « un fils qui se raconte, sans se la raconter » (13), ma fondation bosse aux Comores, mais aussi dans les quartiers (18) ! Elle aide l’hôpital au pays, les Restos du Cœur dans ma ville. « Il n’y a de limites que celles qu’on se fixe » (18). Pas d’accord sur le principe ? Amène-toi on fait une rixe.
Quoi t’es un peu sec ? T’arrives pas à me détester ? Adore-moi comme tout le monde, même Libé a dû céder ! Hein j’ai pas entendu, de quoi le calendrier ?? L’ouverture de la Fiesta, je vais la parasiter ? Laisse tomber, pas le même public, ma place coûte 38 balles mini. T’as pas assez d’oseille ? Allume ton écran télé. Le soir de mon concert, ce sera en live sur TMC. Et après ça en prime, un grand docu sur ma vie. Allez rentre chez toi t’entraîner et « ne t’arrête pas quand t’as mal mais plutôt quand t’as tout donné, oui tout donné. Toujours se relever, toujours recommencer. Ouais ! Ouais ! Ouais ! » (19).
Les deux bras toujours en l’air, le Ravi quitte le stade ravi, en sautillant.