Juges de paix
« Le plus intéressant, c’est après l’élection. En cas d’alternance, il y a des dossiers qui sortent. Il peut y avoir des plaintes, des signalements d’emplois fictifs, de marchés douteux. » Procureur de Marseille de 2008 à 2013, désormais à Chambéry, Jacques Dallest semble beaucoup plus gourmand des lendemains d’élections que des campagnes électorales en elles-mêmes, aussi dures et incertaines soient-elles. Ces dernières ne sont d’ailleurs pas restées pour lui inoubliables : « quelques querelles de clochers en Corse » mais « pas de souvenir marquant » de son passage à Marseille.
Pourtant, pendant la campagne des législatives de 2012, alors que Jacques Dallest est en poste, le socialiste Patrick Mennucci et son équipe se font agresser dans la cité Félix Pyat (3e arr.), au cri de « ici c’est chez Guérini« . Du nom de l’ancien président du Conseil général, mis en examen en compagnie de son frère dans de multiples et supposées affaires. Il y a des blessés, une plainte est déposée. Elle ne donnera rien, les agresseurs sont masqués. « En termes pénaux, ce sont rarement des affaires lourdes, insiste Jacques Dallest. Il y a des lettres anonymes, des meetings perturbés, des histoires entre colleurs d’affiches, des affaires de diffamation. On sait aussi que les affaires qui sortent ont pour but de discréditer l’adversaire, qu’il y peut y avoir une part d’instrumentalisation. »
Candidat malheureux en 2014 à Nice, Olivier Bettati peut en témoigner. Biberonné au médecinisme et au chiraquisme, aujourd’hui membre du CNI et proche du RN, cet ancien adjoint de Christian Estrosi, parti en dissidence avec une des élues de droite et des personnalités de la gauche locale, a lui-même tenté d’utiliser des informations contre l’ancien sous-ministre de Nicolas Sarkozy. Surtout, il a été la cible d’un tract assassin à quelques jours du premier tour du scrutin. « Il reproduisait un article du Point qui m’accusait d’avoir bénéficié d’une fausse formation de Bygmalion (la boîte de communication au cœur des soupçons de financement illégal de la campagne présidentielle de 2012 de Nicolas Sarkozy, Ndlr) », rappelle le conseiller régional.
Si l’hebdo de droite et son directeur de la publication ont finalement été condamnés pour diffamation en 2017, Bettati en peste encore. Et pas parce qu’il avait perdu. « Ça m’a énervé ! J’aurais fait pareil si j’avais eu ce type d’histoire en main ! » Et au diable la justice.