Moi, Monseigneur Dominique Rey, pourfendeur de PD…
Appelez-moi plutôt Monseigneur Dominique Marie Jean Rey. Pas la peine de faire de vannes avec mon nom, tout a déjà été dit : « il est où le cierge ? Dans ta Rey ! », « Rey nette », « ‘Nique Ma Rey », et j’en passe… Autant de blagues sodomites qui ont forgé mon caractère et ma lutte plus actuelle que jamais ! On n’a pas gagné pourtant on n’a pas chômé au diocèse ces derniers mois, j’vous l’dis ! Mes ouailles du Var, jupes plissées, cols Claudine et poussettes, étaient en tête de cortège dans toutes les manifs contre le mariage des dépravés. En plus ils se déplacent en famille, à cinq, six enfants par couple marié – devant dieu – ça augmente considérablement le nombre de participants. Une femme enceinte compte pour deux, et les prénoms composés aussi. Par exemple, Dominique-Marie-Jean, ça fait trois. Donc pour la manif du 26 mai, là où la police compte 150 000 manifestants, nous en dénombrons facilement un million !
Les gays sont partout, même dans l’église, je ne citerai personne… « La refonte structurelle du mariage conduit à une sorte de mutation anthropologique […] On ouvre la boîte de Pandore […] On remet en cause l’ordre naturel des choses dans une volonté prométhéenne de reconstruire l’humanité » (1). Voilà ce que j’ai déclaré à la presse. Et même si la loi a été promulguée et que les premiers sodomites vont pouvoir s’en… aller en voyage de noces, je campe sur mes positions et je me donne pour mission de former au mieux les jeunes générations de croyants. En août, j’organise l’université d’été de la Sainte Baume avec, parmi les intervenants, le député UMP Hervé Mariton, notre plus grand allié face à Taubira lors du débat à l’Assemblée. Le thème de cette année c’est « changer la société », apprendre à « l’observer », à « la juger » avec notre esprit critique et tolérant de chrétiens et surtout apprendre à « agir » ! Parce que les banderoles et la Frigide Barjot rose bonbon, ça va un moment…
« On remet en cause l’ordre naturel »
Je suis venu à la bêtise, euh pardon à la prêtrise assez tard, en 1984 et j’ai été nommé évêque du diocèse de Fréjus-Toulon en 2000. Avant de porter la robe, j’étais un brillant fiscaliste. J’ai gardé d’ailleurs ce côté rigoriste. On me dit autoritaire et dominateur, certains me surnomment même « le gourou ». C’est sûr qu’avec moi il faut marcher droit (2). J’ai le charisme d’une huître mais je suis loin d’être con et c’est ce qui me sauve. J’ai décidé de mener mon diocèse à la baguette pour faire passer mes idées, n’en déplaise à certains. Et mon conservatisme a trouvé, dans le Var, l’espace idéal pour faire des émules ! Depuis treize ans, je remets l’église à la place qui lui est due. C’est dans mon diocèse qu’on ordonne le plus de prêtres après Paris. D’ailleurs, quand la Duflot a voulu réquisitionner les bâtiments de l’église pour y loger des pauvres, j’ai dit non, on est complets, y’a plus de places ! J’accueille tout le monde : les ultra-classiques de la communauté Saint-Martin, les Vierges consacrées et même des Brésiliens… même si… enfin vous voyez ce que je veux dire quoi… Tant qu’ils dansent pas la samba en string à paillettes pendant le sermon… J’ai remis au goût du jour l’ancienne liturgie et la messe en latin animée par les « Missionnaires de la miséricorde divine » qui n’hésitent pas à s’installer dans la rue afin d’évangéliser le plus grand nombre (3). Contrairement à l’ésotérisme des francs-maçons contre lequel je lutte, nous sommes ouverts à tout un chacun : « Dans l’église catholique, il n’y a pas d’enseignement secret. La doctrine de la foi chrétienne est accessible à tous. » (4)
Faire avaler de vieilles sornettes obscurantistes sous un nouvel emballage plus jeune et plus moderne, voilà toute ma force ! Certains diront de moi que je gère mon église comme un chef d’entreprise, un professionnel du management… C’est pas faux !
Je suis de tous les combats, contre l’avortement avec les marches pour la vie et même contre le Téléthon… En 2006, j’ai déclaré : « Les fonds récoltés par cette entreprise généreuse doivent servir à la lutte contre les maladies plutôt qu’à la recherche sur l’embryon, moralement condamnable. » (5) Ça a un peu choqué… Bien sûr, moi aussi je verse ma petite larme quand on nous les montre à la télé en plein mois de décembre. Qu’est-ce que vous croyez ? Y a un cœur sous ma soutane. Mais je persiste et signe : dans le cas des myopathes, il vaut mieux guérir que prévenir ! Car cet enfant, tout handicapé qu’il est, bloqué sur un fauteuil à vie sans pouvoir jamais courir derrière un ballon, est aussi une créature de dieu… Et on doit l’accepter tel qu’il vient. Ce n’est pas juste ? Mais si dieu était juste, ça se saurait non ?
Il serait bien aussi de réguler l’immigration – en priorité dans le Var – car « l’accueil des populations migrantes ne doit pas remettre en cause l’équilibre intérieur du pays, déstabiliser son économie, sa société » (6). Moi réac ? Par contre, je lâche un peu la bride sur le port du préservatif. « Lorsque les conduites à risque sont susceptibles de donner la mort, si la fidélité, la chasteté voire l’abstinence ne peuvent être assumées, l’église ne peut que prescrire, de manière ultime, l’usage du préservatif. » (6) Ultime j’ai dit ! Comme quoi j’arrive à mettre un peu d’eau dans le sang du Christ. Tout à l’extrême droite du père que je suis !
Samantha Rouchard