Quand Andrieux faisait campagne…
« Sylvie fait campagne. L’affaire, les gens s’en foutent ! » François-Noël Bernardi, président du groupe PS et apparentés à la Communauté urbaine de Marseille, a parfois la franchise bourrue. Ça fait parti de son caractère. Comme une cinquantaine de militants et sympathisants socialistes, l’avocat attend Michel Vauzelle place des Etats-Unis (à 80 % financée par la région), dans le quartier populaire du Canet à Marseille (13e arr.).
Ce vendredi 25 février, le président de la Région, candidat à sa succession, est en campagne sur les terres de Sylvie Andrieux, députée des quartiers Nord mais surtout son ancienne vice-présidente de la Politique de la ville, qu’il a blackboulée à la suite de sa mise en cause indirecte dans l’affaire des subventions dites fictives du Conseil régional. Michel Vauzelle est programmé à 11h pour un petit discours sur son projet de Maisons régionales des services publics, une de ses 50 propositions.
Entourée de Denis Rossi, conseiller général socialiste du canton, de quelques caciques du PS, d’élus de la mairie de secteur en écharpe tricolore, Sylvie Andrieux s’impatiente du retard de son ancien patron. Tirée à quatre épingles, les cheveux lissés en arrière, elle en profite pour aller claquer la bise et serrer la main à un petit groupe de Comoriens. Il fait beau et doux. Le temps est au badinage.
« Madame Andrieux est toujours motivée pour nous aider »
A l’arrivée de Michel Vauzelle, la députée assure le service : d’abord un tour de la place et de ses commerces. Denis Rossi fait venir une sexagénaire. Entouré, le député socialiste écoute, lâche quelques mots. Sylvie Andrieux hoche la tête. Puis le noyau dur repart. Direction une autre place, un autre quartier, toujours dans le 13e arrondissement et toujours avec la maîtresse des lieux. A la traîne, Jean-Pierre Arnoux, conseiller municipal à la mairie de secteur, savoure la campagne de la députée : « Si elle s’implique ? Un chiffre va vous donner une idée : une quarantaine de militants sont mobilisés sur le secteur pour faire les boîtes aux lettres, tracter, rencontrer les gens. »
A 11h30, la place des Etats-Unis est clairsemée. Quatre Comoriens du petit groupe – 25 à 50 ans – poursuivent leur discussion. « Monsieur Ismael » arbore une veste au blason du Sporting club Karthala, le club de foot des Comoriens de Marseille. Tous sont de l’association Solidarité Bon secours. Invités par la députée, ils sont descendus de la cité… Solidarité, du quartier… Bon Secours, dans les quartiers Nord (14e). A l’occasion, ils donnent un coup de main pour l’affichage. Volubile, le président de l’association explique : « On est venu les soutenir parce qu’ils [les socialistes de la Région, Ndlr] ont financé un projet humanitaire aux Comores. On soutient aussi madame Andrieux parce qu’elle est toujours motivée pour nous aider. Ce qu’elle a fait dans le quartier est énorme ! » Un plateau sportif dans leur cité, par exemple.
Par contre, aucun n’a entendu parler de « l’affaire. » Après un rapide rappel des faits, « monsieur Ismaël » lâche : « Je comprends ses soucis. Moi, je sentais ça dans le 14e. Aujourd’hui, on [les dirigeants des associations supposées fictives mis en cause, Ndlr] ne les voit plus. » Intarissable, le président de l’association poursuit avec la même sincérité : « Madame Andrieux n’a qu’une parole. Mais il n’y a pas qu’en campagne qu’elle est disponible ! » La députée est visiblement fidèle à sa réputation. D’élue de terrain…
Jean-François Poupelin