Vie politique démoralisée
Une actualité en chassant une autre, mesure-t-on vraiment les dégâts à long terme des tribulations de Cahuzac ? Le ministre du Budget socialiste, chargé de faire appliquer une politique de rigueur, pratiquait donc la fraude fiscale ! Qu’il ment comme il respire relève, avec le recul, de l’anecdote. Qu’il entretienne des amitiés avec l’extrême droite, et que l’avocat qui a ouvert son compte en Suisse soit un proche de Marine Le Pen, ajoute une touche brune à un tableau déjà très noir.
Les mesures du gouvernement pour mieux combattre l’évasion fiscale et moraliser la vie politique permettront-elles de classer véritablement l’affaire ? L’obligation pour les ministres et les parlementaires de déclarer leur patrimoine est-elle la garantie vers plus de transparence ? Le risque de se contenter de nourrir les pulsions voyeuristes de la politique spectacle est bien réel…
Le projet de créer un grand parquet anti-corruption peut séduire. Mais François Hollande ne semble pas très pressé de redonner du pouvoir aux chambres régionales des comptes que Nicolas Sarkozy s’est employé à désarmer. Elles menaient pourtant un combat efficace face aux dérives locales de gouvernance. Une autre promesse a été renvoyée en 2017 : celle imposant le non cumul des mandats. 476 des 577 députés et 267 des 348 sénateurs sont concernés. On comprend mieux leurs réticences à renoncer à un exécutif. Mais s’ils jouent trop la montre, la vie politique sera bel et bien… démoralisée.
le Ravi