Y a-t-il un pilote dans l’avion ?
« Les personnes côtoyant de près ou de loin les acteurs qui font MP2013 n’auront pas manqué de noter la partie de ping-pong à laquelle se livrent élus et équipe opérationnelle impliquée dans la mise en œuvre du programme. D’un côté les élus se plaignent des orientations et des choix opérés par l’association (dont ils sont administrateurs). De l’autre côté, les salariés de l’équipe opérationnelle renvoient la balle dans le camp des politiques l’incohérence ou le manque d’ambition du programme sur différents aspects de l’année « capitale ». Mais au final, qui décide vraiment de quoi ?… » Tel est le contenu du débat public qui se tiendra au Comptoir de la Victorine à Marseille, le 11 mai prochain, lors de la fête de la Belle de Mai. « Nous voulons interpeller l’équipe de Jean-François Chougnet et les élus chargés de la culture dans les collectivités territoriales finançant Marseille-Provence 2013 pour essayer de comprendre comment fonctionne la capitale européenne de la culture, affirme Sam Khebizi, directeur des Têtes de l’art, association de médiation artistique. Car aujourd’hui, franchement, aussi bien ceux qui ont eu un projet retenu, que ceux qui ont été écartés ne connaissent pas vraiment les critères de sélection. » Pour le coordinateur de l’autre friche de la Belle de Mai, ce premier rendez-vous doit même lancer un cycle de 4 débats publics (1) en 2012 regroupés dans le OUTOFF2013, en partenariat avec le OFF de Marseille 2013 qui annoncera au Comptoir sa programmation le vendredi 13 avril.
À Aix-en-Provence, le groupe des 27 (2), un collectif rassemblant 15 compagnies et 5 lieux, a posé quasiment la même question lors d’un débat public le 27 mars à la Cité du livre. « Face au manque d’informations précises et officielles concernant la labellisation des projets MP2013 pour le pays d’Aix, au regard des erreurs méthodologiques manifestes dans l’instruction des dossiers, et en l’absence d’instances collectives pour aborder la place des opérateurs culturels dans cette opération et dans sa préparation, nous avons provoqué ce débat public », explique Mathieu Grizard, des amis du théâtre populaire. Créé en septembre 2003 suite à la grève des intermittents qui avait notamment provoqué l’annulation du Festival d’art lyrique d’Aix, le groupe des 27 cherche avant tout à provoquer le dialogue avec les élus de la culture d’Aix. « Aujourd’hui, sur le Pays d’Aix, il y a les projets retenus, les projets refusés, les projets qui pourraient être labellisés (sans financement), les projets qu’on invite à refaire, certains pour la troisième fois, des projets demandés alors qu’aucun dossier n’a été déposé et des projets refusés mais dont on demande aux artistes d’être labellisés, aligne Sylvie Gerbault, directrice du 3BISF, le centre d’art contemporain situé dans l’hôpital psychiatrique Montperrin. Bref, on ne comprend plus rien. Voilà deux ans qu’on attend une réunion promise par nos élus pour nous expliquer comment fonctionne MP2013. Comme rien ne vient, nous avons pris les devants. »
Du côté des élus d’Aix, on renvoie la balle sur Marseille-Provence 2013. « Nous avons un comité de sélection qui a retenu plus d’une centaine de projets, explique Patricia Larnaudie, adjointe à la culture à la ville d’Aix. Mais au final, c’est bien l’équipe de Jean-François Chougnet qui décide, sans que l’on maîtrise vraiment les critères de sélection. C’est cela qui nous a poussés à retarder la signature de la convention de financement de 7,5 millions d’euros du Pays d’Aix pour MP2013. »
Du côté de la capitale, la réponse est limpide. « La capitale a déterminé un thème, la Méditerranée, des axes de programmation, rappelle Thierry Roche, directeur délégué aux relations institutionnelles (3). Sur chaque territoire, des comités réunissant les collectivités ont rassemblé les projets et nous les ont transmis. Nous les avons instruits et nous en avons proposé 400 au conseil d’administration de MP2013. Ce qui est certain, c’est qu’une capitale européenne de la culture a vocation à provoquer et soutenir des projets nouveaux à dimension internationale pour attirer les touristes. Nous ne sommes pas là pour accompagner des politiques culturelles locales. Ce n’est pas notre mission. Ceux qui pensent le contraire n’ont rien compris. »
Stéphane Sarpaux