Bernardini, par la face sud
Dans le dernier numéro du Ravi (le 94 daté mars 2012), nous avons publié un papier sur les ambitions du maire divers gauche d’Istres (« Bernardini, par la face nord », page 19), François Bernardini, qui, contre toute attente et au moment où nous bouclions le journal, devait jouer à la mi-février les suppléants du maire PS de Fos-sur-Mer (13), René Raimondi, pour les législatives dans la 13ème circonscription des Bouches-du-Rhône.
Sauf qu’au final, fin février, Bernardini, l’ancien homme fort des socialistes dans le département avant… Jean-Noël Guérini, s’est effacé au profit de Nicole Joulia, sa première adjointe, qui fera donc office de « sparring-partner » pour Raimondi. Une alliance qui en a surpris plus d’un tant les deux se détestent. Au point d’ailleurs que Joulia, au moment de la présentation de ce mariage de raison, a dû expliquer que « l’heure est au dépassement des querelles ». Une preuve supplémentaire que celle qui fut maire par intérim pour Bernardini est définitivement prête à prendre sur elle pour jouer les pions de celui dont les ambitions sont, comme nous l’avons analysé, intacts.
En effet, alors que les ennuis se multiplient pour le patron PS du conseil général des Bouches-du-Rhône, Jean-Noël Guérini, pour son éphémère prédécesseur, François Bernardini, peut-être est-ce le bon moment pour un « come-back ». Et qu’importe, fin janvier, cette anicroche, la Cour des comptes ayant retoqué l’ultime tentative du maire d’Istres pour se blanchir dans l’affaire de l’OCID (Office de communication et d’information départementale) dans laquelle, au début des années 90, avaient été dépensés plusieurs millions d’euros de subventions « irrégulièrement extraites de la caisse publique », dixit la chambre régionale des comptes.
En 2006 et 2007, Bernardini avait reçu le soutien inattendu du CG 13 avec deux arrêtés pour déclarer ces dépenses « d’utilité publique ». Quoique défendue par Castelnau, avocat bien connu dans le volet salonais de l’affaire Guérini, cette version a été retoquée par la justice administrative à l’été 2010. Alors, renâclant à payer, à l’instar de son prédécesseur au CG Lucien Weygand (lui aussi condamné !), plus de 50 000 euros d’amende, Bernardini tentera la désormais classique « question préalable de constitutionnalité ». En vain.
L’annonce au lendemain de la Saint-Valentin d’un Bernardini suppléant de Raimondi était-elle un nuage de fumée pour faire diversion ? Peut-être. Ce qui est sûr, c’est qu’elle confirme, s’il en était besoin, que l’ancien patron du PS dans les Bouches-du-Rhône reste un véritable animal politique prêt à repartir, malgré les casseroles qu’il traîne, à la conquête de ce qu’il a perdu. Alors, qu’il envoie au final sa première adjointe à sa place n’enlève rien à son appétit.
Reste que, malgré le silence de la « Fédé » et les fanfaronnades du mandataire de François Hollande plus soucieux des « problèmes de dissidences que de suppléance », le retour d’un Bernardini dont la ré-adhésion au PS est toujours en suspens fait encore grincer des dents à gauche. Et nul doute que le tandem Raimondi-Joulia, s’il fait passablement jaser, pourrait bouleverser la donne dans la 13ème circonscription. Pour le Front de Gauche, le maire de Martigues, Gaby Charroux, aura à affronter non seulement son prédécesseur, Paul Lombard, mais aussi ce duo inattendu. Et ce, alors qu’en 2007, Michel Vaxès pour le PC l’avait emporté de peu face à la droite. Malgré le redécoupage de cette circonscription qui a plutôt renforcé son ancrage à gauche, la 13ème pourrait-être passer du rouge au rose, voire au bleu ? A voir. En tout cas, ce que n’auront pas manqué de constater nos lecteurs istréens (et les autres) les plus attentifs, c’est que le dessin illustrant notre article consacré à Bernardini n’était pas le bon (1). Y a des jours comme ça…
Sébastien Boistel