Medvé, l’homme qui gagnait toujours à perdre

janvier 2012 | PAR Pierre-Julien Bouniol
Nom : Medvedowsky. Prénom : Alexandre. Surnom : Medvé. Signe particulier : perdant récidiviste. Atout majeur : Alexandre Guérini. Point faible : Alexandre Guérini.

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Mois après mois, l’enquête du juge Duchaine révèle des surprises. Comme la lecture de quelques SMS envoyés par Alexandre Medvedowsky, conseiller général PS de Peyrolles-en-Provence (13), au mauvais moment à la mauvaise personne : son ami Alexandre Guérini.

Côté pile, Medvé est un homme d’affaire. Il dirige un cabinet d’intelligence économique (comprenez lobbying), ESL&Network, très influent dans les plus hauts cercles du pouvoir, du Kremlin à l’Elysée. Côté face, c’est un politique, leader très contesté du PS aixois depuis que Jean-François Picheral l’a accusé publiquement de trahison (Cf Ravi n°44, septembre 2007). De cet épisode peu glorieux, la gauche à Aix ne s’est jamais vraiment remise depuis 2001 : scissions, guerre froide et coups bas…

En 2007, des sommets sont atteints. Michel Pezet raconte : « Jean-Noël Guerini m’a dit “que penses-tu d’Aix pour les municipales ?” J’étais partant mais après quelques mois, il m’annonce qu’il y aura finalement un référendum car Medvé veut se présenter. Entre temps, 200 cartes sont entrées dans sa section comme par miracle. J’ai décidé d’aller jusqu’au bout sans participer à ce référendum trafiqué d’avance. » Précisons qu’à cette époque, aucune carte n’entrait sans l’aval d’Alexandre Guerini, membre très influent de la commission des adhésions du PS 13. Une candidature dissidente plus tard, Pezet et ses colistiers reviennent blanchis de la commission des conflits à Solférino. « J’ai plaidé sur la forme puisqu’on nous avait traîné là pour des questions de formes », précise un brin ironique l’avocat marseillais. Et Medvé perd les élections de 2008.

En 2009, rebelote. Élections annulées sur un recours du candidat Modem et contre toute attente, alors qu’André Guinde espère voir sa fidélité à Jean-Noël récompensée, Medvé obtient le label PS.

Depuis deux ans, les rumeurs vont bon train sur cette investiture surprise. Aujourd’hui, des SMS glanés dans l’épais dossier Guernica – qui vaut aux frères Guérini d’être mis en examen pour « association de malfaiteurs » – nous éclairent. En effet, dès mai 2009, les téléphones d’Alexandre Guérini étaient sur écoute. On y trouve entre autres des messages échangés avec Medvé autour d’une préoccupation commune, la mairie d’Aix. « Il paraît que Guinde fait chier… » écrit Medvé à Alex Guérini le 11 juin 2009. Aussitôt, Monsieur Frère lui répond « Laisse-moi faire ». Rassuré, Medvé enchaîne « C pour ça que je t’envoyais texto !! Merci de ton aide ».

Ce même jour, dans La Provence, des élus du sérail affirment qu’André Guinde est favori, qu’il sera candidat à Aix. Mais fidélité ne vaut pas fraternité dans le système Guérini. Le lendemain, à la surprise générale, Eugène Caselli annonce à 300 militants stupéfaits l’investiture d’Alexandre Medvedowsky. Guinde pleure, des militants crient au scandale mais les jeux sont faits, la paire d’Alex sort toujours vainqueur.

Qu’est-ce qui lie les deux hommes si ce n’est un prénom ? L’Europôle de l’Arbois dont Medvé est président où des marchés suspects ont été attribués aux amis d’Alexandre Guérini ? Proglio, Frémont, ces noms qu’on cite proche de l’un comme de l’autre ? Il ne fait pas de doute que leur côté pile est à l’unisson. Quant au côté face ? Le 18 juin, Alexandre Guérini faisait une proposition spontanée à Medvé : « Qd peut-on se voir et me dire ce dont tu as besoin pour la campagne ? Bises. » Le lendemain, ils sirotaient un apéro dans le très prolétaire café de la Rotonde à Aix pour y discuter gros sous…