Don Ferdinand et ses casseroles
C’est un joli paradoxe. À Sanary-sur-Mer, Mieux vivre aide plutôt à mal dormir. A la veille des vacances, dans l’édito de cette gazette municipale, Ferdinand Bernhard a pris comme tous les mois la plume. Mais cette fois-ci, le ton du bon docteur s’est fait plus grave. « La gestion d’une ville, quelle que soit sa taille, est une affaire complexe. […] La nouvelle perceptrice a mis en évidence que des sommes importantes dues à la ville ne seront jamais encaissées.[…] La contrôleuse de gestion a fait apparaître que des subventions dues à la ville ne seraient jamais perçues (travaux non réalisés pour différentes raisons, retard dans l’envoi des dossiers, changement de politique de l’organisme émetteur…). […] Décision a été prise de recruter un nouveau directeur financier qui très rapidement lors de la préparation du compte administratif a relevé d’autres anomalies comptables : remboursement de prêt non porté en dépenses, dépenses obligatoires non inscrites au budget… »
Trois petits points qui entretiennent le doute sur l’ampleur de ces bilans erronés alors même que la Cour régionale des comptes rend visite à la collectivité depuis le mois de février. Ferdinand Bernhard jure n’y être pour rien. « Je vis ces constats comme un véritable échec dans la confiance que je portais en ceux qui avaient la responsabilité de tenir les comptes au jour le jour. » Celui qui est son propre adjoint aux finances n’aurait donc rien vu, rien entendu. Pour autant, il n’a pas enclenché de procédure contre les fonctionnaires visés.
Du côté de l’opposition, le premier à réagir a été Olivier Thomas, tout juste rallié à Jean-Louis Borloo. Le dirigeant de l’Association de défense des Sanaryens lutte pied à pied contre le maire. Il a ainsi obtenu du tribunal administratif de Toulon l’accès à des justificatifs financiers qui lui avait jusqu’alors été refusé. Il a réclamé la mise sous tutelle de la commune au préfet, qui lui a répondu que, dans l’état actuel des choses, il n’était pas dans son rôle d’intervenir. Mais le coup est parti et Olivier Thomas n’entend pas s’arrêter là : « Nous n’avons plus confiance dans cette majorité. Soit il part, soit nous saisirons la justice. »
Dernier élément du conseil municipal, l’équipe de Didier Tourancheau. Un groupe hybride rassemblant trois UMP et le dirigeant de la section socialiste locale, Claude Vincensini, derrière l’ancien DRH de Libération et Radio France. Pour eux, Thomas a peut-être dégainé un peu vite. « Pour le moment, on ne sait rien tant le conseil municipal n’est qu’une chambre d’enregistrement ! », tonne Vincensini. Tourancheau abonde : « Ce n’est pas le moment de servir la soupe. Cette affaire est potentiellement très grave : il faudra savoir comment on a pu répéter la même erreur pendant dix ans. J’attends désormais le rapport de la Cour des comptes. »
Voilà qui devrait laisser quelques semaines de répit au maire qui a d’autres fers au feu. D’abord, mener à bien son projet d’installation d’un casino mais aussi, fourbir ses armes contre… un commissaire-enquêteur. Dans son dernier rapport d’enquête publique, ce dernier a eu le malheur de critiquer un Plan local d’urbanisme de M. le maire qui aurait en partie privilégié des intérêts particuliers à des intérêts collectifs. Résultat, le voilà renvoyé devant la justice pour diffamation. Une habitude à Sanary. En un an, quatre plaintes ont été déposées contre le seul Olivier Thomas. Aucune n’a abouti à une condamnation.
Jean-Marie Leforestier