Retour aux affaires
L’occasion de relire des extraits d’un entretien réalisé par le Ravi avec François Bernardini en septembre 2007. Cela ne date pas d’hier mais les thèmes et les sujets abordés sont d’une actualité… brûlante.
Come-back de l’artiste
François Bernardini : « Si j’avais été pris dans une entreprise de pédophilie, j’aurais pu comprendre qu’on me lynche en public. J’ai été condamné seulement pour avoir offert des bouteilles de champagne et des places de foot. Les gens ont compris qu’à mon encontre, il s’est passé quelque chose d’anormal et de disproportionné. Je ne referai plus certaines erreurs, mais je n’ai pas de honte à avoir. Bien sûr, j’ai eu envie de tourner le dos à la politique. Ce n’est pas du tout l’envie de redevenir Monsieur le député ou Monsieur le maire qui me fait revenir. Il manquait en quelque sorte à l’artiste, le pinceau. Istres a connu une cassure, un élan s’est brisé. Je veux lui redonner un nouveau souffle, du mouvement. »
Le roi des clients
F. B .: « Qu’est-ce que c’est une clientèle, le clientélisme qu’on me reproche ? Cela me fait toujours sourire. Est-ce que la politique doit être des décisions sans âme, sans un visage derrière, un mode de gestion technocratique, voire autocratique ? A la limite, si c’est le cas, il vaut mieux prendre des gens qui viennent des chambres régionales des comptes ou des trésoreries générales. Ils sont mille fois plus compétents que nous ! Ce qui importe pour nous, élus, c’est d’aller chercher dans la population ses besoins pour y apporter des réponses. Je me bats pour être le roi de mes clients ! Les élus sont là pour satisfaire des réalités de logements, d’emplois, d’adduction d’eau, de votre vie quotidienne. »
La fédération socialiste
F. B. : « Mr Eugène Caselli est secrétaire de la fédération des Bouches-du-Rhône par procuration. Il va chercher ses ordres à un endroit où on lui dit ce qu’il doit dire. C’est pour moi un illustre inconnu dont je n’ai que faire. Mais je suis obligé de répondre de temps en temps à ses affirmations pas très sympathiques à mon endroit. Je lui dit simplement : « Fais ce que j’ai fait, soit ce que j’ai été, et après tu seras qualifié pour me parler. » Libre à ceux qui le veulent de faire croire que je ne suis plus socialiste. C’est vrai, je ne suis plus encarté et cela m’indiffère. Mais mes convictions sont gravées sur un cœur de gauche. Point barre. »
Guérini et le Conseil général
F. B. : « Je n’ai pas trop envie de jeter le discrédit sur tous ces gens qui manoeuvrent mal à mon égard. Je pourrai confirmer toutefois que Jean-Noël Guérini m’avait déclaré, lorsqu’il a pris ma suite au Conseil général, qu’il « me gardait ma place ». Il ne s’est pas contenté de prononcer ces mots dans son bureau, il est même venu le dire à Istres. Tout ça fait partie du passé. Je peux comprendre que l’on puisse assumer une fonction avec plaisir et conviction. Ce n’est pas ça qui me perturbe le plus. C’est la façon dont on veut à tout prix se protéger, comme si celui qui vous a donné cette fonction n’avait qu’un but : vous la reprendre. A un moment donné, il faut avoir un peu de sagesse, de moralité, et avoir le courage de se mettre autour d’une table et de discuter. Je n’ai pas encore pu le faire malgré les nombreux appels que j’ai pu lancer. J’ai plutôt vu des scuds et des exocets arriver sur la ville d’Istres. »
Les débats du PS
F. B. : « Les débats internes au PS ne m’intéressent guère. Je connais tous les gens un par un et je sais que leurs discours ne reflètent souvent pas leurs intentions. Je sais trop ce qu’ils sont chimiquement pour ne pas me retrouver encore dans une histoire de faux semblant. Je suis obligé d’avoir des paroles dures puisqu’ils ne me ménagent pas. J’ai été prisonnier de mes fidélités. Si j’avais été jospinien après avoir été fabiusien, je n’aurais pas connu la moitié de mes problèmes. Je suis resté fabiusien, au-delà du débat d’idée même si je me sens proche des siennes, parce que je trouve importante la fidélité en politique. Comment voulez-vous que je regarde quelqu’un comme Patrick Mennucci (NDLR : Conseil régional et président du groupe socialiste à la ville de Marseille) qui volette de courant en courant ? Cela me fait marrer. »
Istres et l’intercommunalité
F. B. : « Une intercommunalité, ce n’est compliqué que si on veut que cela le soit. Il s’agit simplement de fédérer des villes pour qu’elles mutualisent leurs moyens sur un territoire. C’est ce que je demande, pas plus. Après, il y a des jeux politiciens. Je ne permettrai pas que la ville d’Istres soit mise au banc de Ouest Provence. On n’a jamais vu la ville centre d’une agglomération, qui regroupe 47 % de sa population, aussi peu considérée. Même s’ils y ont aujourd’hui renoncé, ils (NDLR : la majorité socialiste de l’agglomération conduite par Bernard Granié) ont eu l’intention de transférer le siège de notre ville vers une autre. Ce n’est plus du favoritisme, cela devient du cannibalisme ! »
Propos recueillis par Michel Gairaud, Rafi Hamal et Jean-François Poupelin.