Déjeuner en paix
Notre enquête sur Jean-Claude Gaudin « a fait tousser le maire de Marseille ». C’est ce qu’affirme La Provence dans un « indiscret ». Après une « une grosse colère », il aurait même « remonté les bretelles à Renaud Muselier ». Motif ? Le député, qui rêve de devenir calife à la place du calife, a envoyé par email une copie du Ravi à tous les élus UMP de Marseille Provence Métropole. Après s’être fait sermonner, il a expédié un deuxième message, prétextant une « erreur technique » et dénonçant, un peu tard, un dossier « qui ne fait que colporter des rumeurs nauséabondes ».
Passons sur le compliment. Notre mensuel ne colporte aucune rumeur mais publie des articles reposant sur des faits avérés et précis. En huit ans d’existence, un seul élu, Jean-Claude Guibal, député maire de Menton (06), s’est risqué à nous intenter un procès en diffamation. Nous l’avons gagné. Revenons au fond de l’affaire, que le quotidien régional du groupe Hersant s’est bien gardé d’évoquer : Jean-Claude Gaudin a déjeuné en 2010 avec Michel Campanella, aujourd’hui mis en examen, incarcéré, et soupçonné d’être le grand parrain du Milieu marseillais.
Notre information a été peu reprise (Mediapart, Liberation.fr l’ont relayée). L’opposition marseillaise, tout en la commentant avec gourmandise en coulisse, ne s’en est pas saisie. Est-ce à dire que le fait qu’un haut responsable politique croise un tout aussi éminent voyou fait partie des mœurs locales au point de constituer un non-événement ? La presse nationale aurait-elle été plus attentive si un Bertrand Delanoë s’était mis à table ? La presse régionale se donne-t-elle vraiment les moyens d’éclairer ses lecteurs sur les « petits » secrets de nos « grands » élus ? Semble-t-il, les Gaudin, Falco, Roig, Estrosi peuvent déjeuner en paix.