Les cantonales c’est mon dada !
La démocratie locale a du plomb dans l’aile. Tout le monde connait son département. La plupart des électeurs savent qu’un Conseil général construit et équipe les collèges, s’occupe de l’entretien des routes. Les plus au faits n’ignorent pas qu’il est aussi au 1er rang pour l’action sociale et sanitaire : le RSA, les personnes âgées, l’insertion professionnelle. Mais « clause de compétence générale » oblige, celle que la réforme territoriale pourrait supprimer dans trois ans, il peut aussi intervenir sur tout. Ce dont il ne se prive pas lorsque, comme le « CG » des Bouches-du-Rhône, il est l’un des plus riches de France.
Et pourtant, notamment parce qu’ils ne sont pas couplés cette fois-ci avec un autre scrutin, les rendez-vous des 20 et 27 mars risquent de battre des records d’abstention. Avec une différence notable, toutefois, entre villes et campagnes : dans ces dernières, le Conseiller général reste une figure incontournable. Les raisons de ce désamour ? Elles sont nombreuses. Difficile de mobiliser les électeurs lorsque seule la moitié des cantons est en jeu. En Paca, des les Bouches-du-Rhône, les Alpes-Maritimes, le Var et les Alpes de Haute-Provence, l’avance des majorités sortantes est telle que toute alternance semble impossible.
Autre obstacle : l’absence de proportionnelle renforce le poids des « gros » candidats déjà lestés par leur notoriété. Car Mr le Conseiller général (rarement Madame dans ces assemblées ultra-masculines) a souvent l’allure d’un notable. Les « petits » partis, qui épicent les rendez-vous électoraux, ne peuvent jouer ici qu’un rôle de figurant. Et pourtant ! Les cantonales, c’est notre dada ! Les enjeux, nationaux et locaux, sont nombreux pour ce dernier suffrage au scrutin direct avant les élections présidentielles.
Enjeux locaux tout d’abord. La droite espère faire basculer en sa faveur le Vaucluse et la gauche voudrait lui rendre la pareille dans les Hautes-Alpes. Mais rien n’est plié. Dans le « 84 » la majorité du socialiste Claude Haut ne tient qu’à deux sièges. L’UMP serait-il prêt à trouver un terrain d’entente avec l’extrême droite, celle du FN ou des époux Bompard, pour gagner la course ? Une réforme du scrutin a réévalué à la hausse le seuil nécessaire pour figurer au second tour : 12,5 % des inscrits, soit plus de 20 % des suffrages exprimés. Une stratégie pour réduire les cas de triangulaire avec le Front national qui avantagent la gauche…
Nous pointons 18 cantons où va avoir lieu, à divers titre, une chevauchée remarquable. Mais partout, ces élections auront l’allure d’un galop d’essai national. Le FN veut tester sa « vague bleu Marine » en rêvant qu’elle devienne une déferlante. Tirons la chasse ! Europe Ecologie cherche à s’imposer durablement dans le paysage politique. Le Front de gauche espère que le mouvement social déchu en 2010 trouvera un écho dans les urnes. L’UMP serre les dents et le PS souhaite poser le jalon d’une dynamique gagnante pour les présidentielles en 2012. En s’emparant peut-être du Sénat, en septembre, avec l’aide des Conseillers généraux désignés ce mois-ci.
Soyez joueurs ! Adoptez un canasson ! Pariez sur la démocratie !
Michel Gairaud