Qui gagne perd
336 députés pour, 233 contre. 177 sénateurs pour, 153 contre. Le Parlement a donc adopté la loi portant à 62 ans l’âge légal de la retraite et à 67 ans celui pour une retraite à taux plein. Nicolas Sarkozy n’a pas cédé face à l’une des plus grosses mobilisations sociales de l’histoire du pays. Les millions de manifestants, avec l’appui de la grande majorité de l’opinion publique, n’ont même pas conduit le gouvernement à amender sa réforme.
Quels sont les grands perdants ? Les syndicats ? Ils ont pourtant réussi à afficher jusqu’à tard un semblant d’unité. Ils appellent à de nouvelles mobilisations, affirment que le combat n’est pas terminé. Et ils pourraient bien ne pas se tromper tant la colère, à la base, reste vive. De nombreux griefs sont reprochés aux grandes fédérations : leur incapacité à imaginer autre chose que des processions hebdomadaires, leur difficulté à motiver d’autres troupes que celles des fonctionnaires et des salariés des grandes entreprises, leur mollesse revendicative… Une certitude : ceux qui se sont contentés de faire grève par procuration, sans se manifester même les samedis, sont mal placés pour donner des leçons de radicalité.
Nicolas Sarkozy a gagné. S’il a prouvé, à nouveau, son intransigeance, il ressort toutefois de cet épisode un peu plus marqué comme un homme de rupture, certes, mais pas de justice. Sa popularité est au plus bas. Le parti socialiste va-t-il remporter la mise en 2012 ? Encore faudrait-il qu’il persuade les électeurs qu’une alternance sera synonyme d’alternative. Sénateurs et députés, qui ont en moyenne une soixantaine d’années, Nicolas Sarkozy, élu par 68 % des français de plus de 70 ans, ont adopté une réforme que payeront au prix fort les générations futures. Les vieux ont gagné. Mais seuls les jeunes ont l’avenir devant eux…
le Ravi