Des journaux « pas pareils »

novembre 2009
La presse satirique locale et régionale, à la périodicité diverse ou irrégulière, résiste malgré ses tous petits moyens. Trois exemples hors des frontières de Paca.

Grands oubliés des États généraux de la presse, destinés à trouver des solutions à la crise économique de la profession, les petits canards railleurs continuent, loin de Paris, bon an, mal an, à vitupérer pêle-mêle les politiques locaux et leurs petits travers, les collectivités territoriales et leur prodigalité intéressée, les grands quotidiens régionaux et leur info uniformisée… Le tout avec peu de moyens mais un ton plus décapant.

Ces « forçats » de la pointe sèche, affranchis, en partie, du système commercial, se rêvent parfois en héros du Germinal de Zola, dénonçant les abus et les petits arrangements, « Nous sommes pratiquement dans une démarche d’éducation populaire vis-à-vis des abus de la mairie » explique Bernadette, 67 printemps et cheville ouvrière de l’hebdomadaire La Mée, à Châteaubriant (Loire-Atlantique). Créé en 1972 et vendu à 480 exemplaires, l’hebdo pour qui « l’insolence est une vertu » et qui vit sans aucune publicité mais à grand renfort de bénévoles, a pour prétention affichée d’apporter « un élément de lecture différent sur l’actualité ».

« Les journaux locaux ont vendu leur âme »

Le « parler vrai » comme ligne éditoriale, enveloppé d’humour caustique, c’est depuis sept ans, le fond de commerce de l‘hebdomadaire montpelliérain L‘Agglorieuse vendu à 2000 exemplaires et qui s’affiche clairement « comme un journal d’information impertinente ». Un tiers d’information, un autre de polémique et un troisième d’annonces légales pour « financer l’indépendance » c’est la recette de Tristan Cuche, rédacteur en chef et seul salarié. « A Montpellier, les journaux locaux y compris le club de la presse, ont vendu leur âme à George Frêche, (président autrefois PS du conseil régional du Languedoc-Roussillon, ancien maire de Montpellier). Alors on joue le rôle de contre-pouvoir nécessaire ».

« Aller chercher l’information que la presse régionale a sous-pesé ou oublié », voilà le but avoué par la Feuille publiée depuis 1976 à Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne). Un hebdo départemental « 100% indépendant qui ne se contente pas d’avoir le nez dans le guidon » mais a la tête bien sur les épaules. Trente-trois ans et quelques procès plus tard, la Feuille fait référence, sans publicité institutionnelle. Le canard affiche un équilibre financier, sans dette auprès des banques « et même avec un excédent de 50 000 Euros » avoue presque gênée Anne Carpentier, journaliste et directrice. Bénéfice ou pas, la volonté reste la même : planter la plume dans la plaie. « Nous revendiquons une indépendance rédactionnelle et le droit de traiter tous les sujets quelles que soient les personnes mises en cause. »

Rafi Hamal

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