Pschitt autour du géant !

décembre 2007
Le nouveau Grand Théâtre de Provence joue à Aix-en-Provence. Et, après les polémiques, le silence se fait.

Il avait mis la sourdine à la fin de l’été. Mais voici que le Grand Théâtre de Provence (GTP) rejoue sa mélopée ! Inauguré une première fois en juin dernier à l’occasion du festival d’art lyrique, l’immense bâtiment avec ses 23 000 m2 pend à nouveau la crémaillère ce mois-ci. La Walkyrie et les autres opéras avaient essuyé les plâtres, certains critiques ayant jugé l’acoustique moyenne (1). Puis, entre ses coûts de construction (64,5 millions d’euros TTC) et de fonctionnement (estimés autour de 5,4 millions par an), son financement avait également suscité la polémique. Car seule la communauté du pays d’Aix (CPA) comptait subventionner ce théâtre aux ambitions régionales, voire nationales, à l’avenir à hauteur de 4,2 millions d’euros. Manifestations et communiqués à l’appui, 14 acteurs culturels locaux s’inquiétaient alors de leur propre sort (2)…

Fini le temps des doléances ? L’heure semble aujourd’hui aux petits-fours et au contentement. Le festival lyrique reviendra en 2008. Il programme déjà une quinzaine de spectacles au GTP, oubliant les quelques tracasseries auditives du lancement. D’autant qu’il investira à nouveau les lieux gratuitement pendant trois mois. Malgré cette amputation de son chiffre d’affaires potentiel en pleine saison estivale, le GTP garde confiance. Plusieurs soirées de sa courte programmation 2007 – 2008 affichent d’ores et déjà complet. « C’est le sold-out pour le concert de Jessye Norman, le Ballet de l’Opéra national de Paris, Roméo et Juliette (revisité par Angelin Preljocaj, NDR) et le Requiem de Fauré », annonçait le GTP avant même le 1er décembre, jour de l’ouverture officielle de sa saison. Il engrangera donc de belles recettes, ainsi que le loyer du groupe Horeto qui occupe les deux restaurants de ce lieu. Certes, toujours selon le GTP, aucune nouvelle subvention de fonctionnement ne pointe à l’horizon. Le théâtre n’aura pas non plus de subsides au titre des « manifestations artistiques de qualité ». Pour cette année du moins…

Mais le voisin du Pavillon Noir paraît serein. Comment en serait-il autrement ? Ses contestataires semblent tous évaporés ou silencieux. Pour preuve, fin octobre La Fonderie (3) rendait les clefs de la salle de concert du Jas de Bouffan sans autre forme de procès.

Adèle Monlairjih

(1) Le Monde, 01/08/07

(2) Cette association fait partie des fameux 14 acteurs culturels locaux ayant menés la fronde contre le GTP.

JUILLET 2007. le Ravi n°43 : enquête « Un véritable coût de théâtre ». Page 6.

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