L’autoroute joue à l’Arlésienne…

novembre 2007
Après des années de discussions, le contournement autoroutier pointera bien son nez en Camargue. Mais quand ?

Tout le monde en parle, mais personne ne l’a encore aperçu. Depuis l’apparition du projet en 1995, le contournement autoroutier d’Arles n’est toujours pas sorti de terre. Pas de déclaration d’utilité publique (DUP) en vue, ni même d’enquête préalable. La direction régionale de l’équipement (DRE) espérait les programmer pour le printemps 2006. Elle s’est ravisée. Aujourd’hui elle vise 2008 et appuie sur le champignon… 11rv46fatthy_arles.jpg Bien que la commission nationale du débat public « a décidé qu’il n’y avait pas lieu de réaliser un débat public » (1), le projet s’est néanmoins enlisé. En attestent les discussions tenues de 2001 à 2003. « Les acteurs de la concertation (élus, associatifs locaux et services de l’Etat, ndlr) devaient se prononcer sur l’opportunité de contournement », se souvient Joël Pou, responsable d’opération à la DRE. Il aura ainsi fallu attendre près de huit ans, la création d’un site internet dédié, des dizaines de réunions et l’édition d’un journal (P’Arles) pour vérifier si finalement cette autoroute valait la peine d’être construite. Conclusion : le projet paraît « nécessaire » pour notamment établir une continuité autoroutière entre l’Espagne et l’Italie. Une nécessité qui aura écarté certaines réflexions. Ainsi « dans les objectifs, il y a « construction du maillon autoroutier manquant entre Salon et Nîmes, s’étonne un internaute sur le forum P’Arles. Mais de Salon à Nîmes, il y a bien l’autoroute non ? Pour désengorger la voie rapide d’Arles, pourquoi ne pas obliger les poids lourds à passer par Avignon et l’autoroute. » De même le ferroutage semble avoir vite disparu des analyses, vu que Réseau ferré de France n’a participé ni au comité de pilotage, ni au groupe de travail.

Reste donc à dessiner le tracé de l’autoroute. Mission difficile. Entre l’abbaye de Montmajour, l’île des sables et la densité urbaine au Nord de la commune, sans parler du parc régional, ses zones Natura 2000 ni du foin de Crau au Sud, le choix s’avère complexe.

Malgré ce dilemme, en février 2005, le ministère de l’équipement valide un fuseau de 1000m au Sud du canal du Vigueirat, dit VSV. Nouvelle étape : en février dernier, la presse annonce que le comité de pilotage (régional) a réduit ce bandeau à quelques centaines de mètres de large (2). « Ce n’est pas une décision. C’est une option préférentielle allant de 200 à 400m », nuance Joël Pou. Une précision qui ne satisfait pas la présidente de l’association « Arles Camargue environnement nature (ACEN) : « Le CoPil (comité de pilotage) a déjà choisi ! C’est une concertation qui n’en est pas une, peste Marie-José Taddei. Je ne comprends toujours pas pourquoi ils ne veulent pas aménager la RN113 ! C’est une voie rapide. Il suffirait de l’élargir. » Il faudrait également construire un tunnel. Et cette solution, dite « variante sous fluviale longue » (VSFl), est estimée par la DRE à 1,1 milliard d’euros, la plus coûteuse des propositions encore en lice. Autre inconvénient : elle coupe la ville en deux et son « trafic résonne et fait un bruit assourdissant. Des déchets tombés de la route au-dessus jonchent la voie », juge ainsi une élue (3).

Ces considérations ont-elles encore un intérêt ? Certains riverains jugent que les dés sont déjà jetés et jouent la carte du lobbying. « Nous avons déposé plainte devant l’Union européenne, claironne Marie-José Taddei, pour empêcher la DUP sur le tracé Sud » !

D’autres ont choisi la voie des urnes. « L’ensemble du conseil d’administration de notre association (forte de 110 familles adhérentes) a décidé d’interroger les élus de la ville ainsi que les candidats (nous avons bien reçu votre déclaration de candidature) aux prochaines élections municipales sur ce sujet », prévient Laure Laugier, présidente de l’association Sud Semestre – Plan du bourg, sur le blog de l’adjointe au maire d’Arles : Catherine Levraud. Aucune réponse : ni sur ce blog, ni sur le site de la ville. Mais l’heure n’est plus au dialogue. Les nouvelles échéances électorales pourraient ralentir la marche. « Une réunion technique va bientôt se tenir », précise, laconiquement, le préfet d’Arles. Une exposition devait présenter le futur projet ce mois-ci, mais « elle a été annulée il y a deux ou trois jours (aux alentours du 16/10, ndlr) », concède la DRE. Faut-il comprendre que le projet a repris son rythme de croisière ? À moins que ce soit le contraire. En sous-marin ?

Adèle Monlairjih

(1) www.bouches-du-rhone.equipement.gouv.fr/depart/infra_tr/Site_Parles/index.htm#

(2) La Provence du 15/02/07.

(3) Rapport final d’assistance sociologique DDE13/Cessa – Arènes (2002).

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