Ecologie : surchauffe budgétaire

février 2007
Avec le projet Alter Iter et le volet environnemental du contrat de projets, la Région se dote de moyens importants pour promouvoir les économies d'énergie et les énergies renouvelables. Si les budgets promis ne fondent pas en cours de route.

« Les 10 millions d’euros qu’on a reçu, on se demande comment les utiliser », confie Sébastien Barles, secrétaire général du groupe Verts à la Région. Les écologistes sont décidemment surprenants ! Après deux ans de négociations, l’assemblée plénière du Conseil régional vient de matérialiser l’accord électoral Alter Iter sur le principe « 1 euro pour le futur réacteur à fusion nucléaire, 1 euro pour les énergies renouvelables ». Elle a approuvé, le 11 décembre, la création d’une Action globale innovante régionale (Agir) engagée jusqu’en 2010. Et ils s’interrogent ouvertement sur ce qu’ils vont pouvoir faire des 60 millions d’euros promis par Michel Vauzelle d’ici la fin de son mandat ! (1)… 11rv38trax_iter.jpg Ce doit être l’émotion… « Il est délicat de donner à gérer à un groupe autant d’argent pour un projet au contenu incertain », persifle toutefois Henri Couilliot, conseiller varois apparenté UMP-UDF. En vérité, les Verts se sont déjà mis au travail en actant les lignes budgétaires pour 2007 : 5,2 millions pour les aides individuelles (installation de panneaux solaires…), 2,1 millions pour l’animation et la structuration des filières d’énergies renouvelables, 1 million pour la réhabilitation du bâti existant (avant 1975)… Et 100 000 euros pour la création de deux postes (CDD de 4 ans) afin d’assurer « la mise en ?uvre et le suivi d’Agir ». Première preuve que le développement des énergies renouvelables peut être générateur de nombreux emplois ! Agir se donne pour objectifs d’informer les particuliers et les différents acteurs (associations, entreprises, institutionnels), d’organiser la solidarité entre les territoires, de promouvoir les filières dans la région (bois, photovoltaïque, éolien…), de mettre en place des « éco-sites » exemplaires (autonomie énergétique de hameaux, pôles d’activité privilégiant les circuits courts…), d’associer les populations aux projets (concertation pour l’éolien…) et d’inciter la mise en réseau d’acteurs du bâtiment.

« Dans ce domaine, le but est notamment de sensibiliser les maîtres d’ouvrage à adopter une approche bioclimatique et méditerranéenne du bâtiment. C’est-à-dire, rénover ou construire en cherchant à réduire les consommations d’énergie sans dégrader le confort estival, en privilégiant une climatisation naturelle par exemple », explique Sébastien Barles. La création d’un Institut du bâtiment méditerranéen (IBMed) est en discussion. Il est également prévu de développer la formation de professionnels, de mettre en place de mesures incitatives, des financements… Avec l’espoir que les premières réalisations seront visibles en… 2013, précisément la date butoir du nouveau contrat de projets Etat-Région (CPER).

En matière de maîtrise d’énergie et de promotion des énergies renouvelable, le CPER 2007-2013 affiche des ambitions qui rappellent étrangement celles affichées par le programme Agir. Comme le prouve le document préparatoire du CPER, rédigé dans la prose élégante si prisée par nos fonctionnaires territoriaux : « Faire de Paca une région exemplaire de la demande énergétique et de promotion de l’ensemble des énergies nouvelles et renouvelables, en amplifiant les acquis de démarches entreprises de longue date [à travers] un véritable Plan climat régional […] et un volet visant à instaurer une dynamique de développement adoptant des modes de production et de consommation durables. » (sic) Plus de 300 millions d’euros ont été actés pour ce volet, répartis à travers sept orientations : « maîtrise d’énergie », « soutien et extension du Plan Eco Energie », « soutien au développement des énergies renouvelables », « promotion de la qualité environnementale du bâtiment et de l’urbanisme durable », « soutien aux approches énergétiques territoriales », « organisation et promotion d’une mobilité durable » et « actions innovantes ». Autant de domaines dans lesquels « Agir » intervient également…

Une situation que Sébastien Barles résume en un mot : « Complémentarité ». « Alter Iter et Agir portent sur l’innovation et l’exemplarité, alors que le CPER s’intéresse plus aux projets de fond, explique le secrétaire général des Verts. Là où cela se complique (vous suivez encore ?) c’est que le CPER et le programme Agir peuvent être liés par des financements croisés. Le volet « actions innovantes » du CPER attribue par exemple 5,9 millions d’euros à Agir, dotation confirmée par une annexe au CPER concernant l’environnement, la maîtrise de l’énergie et le développement durable… En clair, le CPER finance donc en partie Agir. Reste à s’assurer que les sommes ainsi allouées n’abaissent pas d’autant le montant total du volet énergétique du programme négocié par les Verts dans le cadre d’Alter Iter…

Une certitude : Agir et « Alter Iter » impulsent à eux deux, une dynamique réellement environnementale dans une région particulièrement dévastée dans ce domaine. Avec un bond financier indiscutable. « A notre arrivée, le budget énergie était seulement de 4 millions d’euros », assure Sébastien Barles. Un montant dérisoire qui n’avait qu’un avantage : cela devait évidemment être beaucoup plus simple à dépenser…

Jean-François Poupelin

Imprimer