André Barthe, conseiller régional & adjoint à la culture de Nice

juin 2004
André Barthe, conseiller régional, est adjoint à la culture à la mairie de Nice depuis 27 ans. Au pays des salades, le seul qui soit fade comme une endive.

Au niçois qui mal y pense

« Pour l’ameublement, l’électroménager… Boum-boum ! Choisissez bien choisissez Barthe ! » André, pour vous servir. Et la servitude, j’en connais un rayon. Vingt-sept ans fidèle au poste ! Peu importe le maître. J’ai d’abord été conseiller municipal socialiste, puis médeciniste. J’ai ensuite été élu en 1995 sur la liste Barety (RPR), puis j’ai rejoint dans la foulée l’ancien FN Peyrat, que je soutiens toujours pour le moment. Sinon, j’ai une carte (il vérifie dans son portefeuille) de l’UDF. Ma contribution au rayonnement culturel de Nice a été justement saluée : j’ai reçu la médaille d’argent de la jeunesse et des sports. Le sport, avec les pâtes à la langouste, c’est ma passion. J’ai été moniteur de ski, gardien de but, président de club de foot et depuis de très nombreuses années, je suis membre du Conseil d’Administration de l’OGC Nice. rv9poids_barthe.jpg Pour les histoires de corruption pour la construction du nouveau stade de foot, avec Monsieur Vialatte, secrétaire général de la mairie, quelle surprise, hou là là, je ne savais pas ! Monsieur Peyrat s’entoure si bien, pourtant. J’ai tout de suite sorti ma brosse à reluire en plein conseil municipal (28 mars) : « On vous assure de notre fidélité, rien ne portera ombrage à votre honnêteté ». Amen. C’est que j’ai intérêt à être gentil avec Monsieur Peyrat, sinon j’ai des soucis avec Madame Peyrat. Elle me suit partout ! Comme Madame Bompard à Orange, elle inaugure presque tout, bien qu’elle n’ait aucun mandat. Mais ici, les journalistes sont moins rebelles que ceux de la Provence, c’est vous dire… Alors, elle ne me laisse que les miettes, comme le salon de la numismatique ou les congrès de taxidermistes. Enfin, je fais tellement partie des meubles que Peyrat m’a conservé, c’est bien commode. Je ne fais pas de vagues, je sers de tampon aux quelques artistes qui essaient d’exister dans cette ville-musée pour vieilles princesses des mille et un liftings, et puis surtout de couverture à Madame Peyrat qui porte le pantalon et fait une politique culturelle clinquante pour attirer les touristes. Donc, moi, j’exécute en toute transparence, et je dirais même plus : en totale invisibilité. Heureusement, il me reste mes déjeuners avec les stars. Récemment, j’ai mangé des pâtes à la langouste avec Flavie Flament. Parfaitement, La Flavie Flament. C’était bon ! Et puis elle est sympa, Flavie, avec des vues intéressantes sur la culture et la French Riviera (je ne dis jamais Côte d’Azur, French Riviera, les touristes comprennent mieux). Bref, je lui expliquais notre but en reprenant des fraises à la chantilly : « Nice doit devenir la deuxième destination française du tourisme culturel »(1). Donc on fait des bâtiments pour faire des abris contre les intempéries. Ce n’est pas qu’il pleuve souvent par chez nous, mais comme ça les touristes ne partent pas les jours où il ne fait pas beau, ils peuvent aller au musée. Et puis les bâtiments, ça reste. Comme les pyramides en Egypte, et les gratte-ciels à New York. On a même fait une bibliothèque, la « Tête au carré », qui est « la première sculpture habitable au monde. Un symbole fort… » (2) Ne me demandez pas ce que ça symbolise ! Mais c’est fort, tout de même, non ? Dans mon bureau, au mur, il y a un petit tableau de Ben. Vous savez, le Niçois qui fait des « ticheurtes » et des casquettes. Je suis un des rares à comprendre ce qu’il fait, comme il le dit lui-même. Par exemple, sur celui dans mon bureau, c’est écrit : « la vérité est qu’il faut faire attention où on met les pieds ». Ça veut bien dire ce que ça veut dire ! A part ça, il y a encore une culture vivante à Nice. Mais ce n’est pas facile, croyez-moi. Par exemple, le pilou (3). Depuis qu’on a supprimé les pièces de 25 centimes à trou, on a un mal fou à pouvoir jouer. Ah, si je tenais le législateur qui a supprimé les pièces à trou !

Paul Tergaiste

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