Héros partout, histoire nulle part !

octobre 2005
Un traité d'amitié franco-algérien ?

00rv18franck-b.jpg La France et l’Algérie seraient donc sur le point de signer un traité d’amitié. Drôle de moment qu’a choisi le président Bouteflika pour réclamer à l’ancien colonisateur qu’il demande pardon pour « les dégâts de la colonisation et de la guerre de libération ». Et ce dans plusieurs discours prononcés dans le cadre de la campagne pour le référendum sur la charte de réconciliation. Quel rapport entre la sale guerre des années 90 et la guerre de décolonisation ? Pas grand-chose apparemment, à part le fait que le président Bouteflika est l’un des rares hommes politiques vivants à avoir participé aux deux conflits… Car l’histoire de l’Algérie est ainsi faite que les leaders continuent de puiser dans l’héroïsme de 1962 pour revendiquer le pouvoir en 2005. La commémoration du 1er novembre est ainsi l’occasion de redorer le blason de l’armée et du régime algérien. Si les Algériens d’aujourd’hui boudent largement les cérémonies, il n’en demeure pas moins qu’elles empêchent l’exercice d’une histoire critique de la colonisation. Ainsi en Algérie, c’est le trop plein de références qui empêche le travail de mémoire, tandis qu’en France c’est l’amnésie générale de la période coloniale qui permet aux seuls rapatriés d’obtenir du Parlement la reconnaissance d’un « rôle positif de la présence française en Algérie » (loi du 23 février 2005). Reconnaissance que le pouvoir algérien a ensuite beau jeu de dénoncer…

E.B.

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