Nouveaux Projets : Parc à Parc

juillet 2006
Avec quatre nouveaux parcs naturels régionaux en projet, Paca se place en tête des régions françaises. Reste à les réaliser !

00rv32charmag_sacamerde.jpg Vendredi 30 juin, plénière un peu exceptionnelle au Conseil régional. La Région a convié tous les présidents et tous les directeurs des parcs naturels régionaux (PNR) du territoire, ainsi que tous les porteurs des projets de nouveaux PNR. « Nous avons de magnifiques territoires, mais ils subissent une forte population touristique et une pression foncière importante. Ils sont en difficultés », explique Nadine Peris, conseillère régionale déléguée aux affaires relevant des parcs régionaux (PS) de la Région. Michel Vauzelle [président du Conseil régional, Ndlr] a la volonté de répondre à la demande de protection et de développement économique de territoires d’exception ». L’Assemblée régionale, fin juin, a donc voté la délibération de création du parc des Alpilles, au nord des Bouches-du-Rhône, à l’étude depuis 2001, et celle du syndicat mixte de préfiguration du parc naturel régional des Préalpes d’Azur, ou Haut Pays Grassois, situé dans les Alpes Maritimes.

Ces deux projets ne sont cependant pas les seuls en cours en Paca. Envisagés il y a quelques années dans un même ensemble, le Mont Ventoux et les Baronnies sont désormais étudiés individuellement. A cheval sur la Drôme et le Vaucluse, et sur les régions Provence-Alpes-Côte d’Azur et Rhône-Alpes, le second a aujourd’hui pris une petite longueur d’avance. Le 10 juin, comme les Préalpes, il a obtenu l’autorisation de constituer son syndicat mixte. « Mais il reste encore à convaincre l’ensemble des acteurs, explique Romain Lajarge, géographe de l’Université d’Avignon.Car après l’engouement pour une idée géniale, des craintes et des paroles critiques s’élèvent toujours, notamment celles de voir le territoire transformé en une réserve d’indiens. Le plus souvent ce sont les chasseurs, les propriétaires privés et les petits élus locaux qui expriment des réticences, parfois avec virulence. Tout un travail doit encore être fait pour les rassurer sur les contraintes et sur le coût réel du parc. En fait, il est faible puisque la Région, l’Etat et l’Europe y contribuent majoritairement. » Selon ce chercheur spécialisé dans les politiques publiques territoriales, le parc pourrait voir le jour « dans quatre ans ».

Un horizon qui semble encore un peu lointain pour le parc du Mont Ventoux. Il n’a pas la joie d’être confronté aux oppositions qui agitent les Baronnies. Pour l’instant, l’attention de ses promoteurs est centrée sur la définition du périmètre, toujours situé en partie sur le territoire de son voisin. Un souci qui se transforme en problème, selon Nadine Peris. « Jusqu’à la loi d’avril dernier, on pouvait faire avancer le projet sans que cette question ne soit réglée. Maintenant, les chevauchements de territoire sont interdits », regrette-t-elle. Tout en assurant que sa réalisation n’est pas remise en cause.

Aujourd’hui, la conseillère régionale a cependant d’autres préoccupations. Les coupes régulières de l’Etat dans le financement des parcs (régionaux comme nationaux) pourraient mettre un frein à ses beaux projets. Et celui des Alpilles, dont la naissance devrait être officialisée en novembre-décembre 2006, pourrait bien être le seul à voir le jour à court terme. Nadine Peris dénonce ainsi la suppression de crédits qui pourrait être dommageable, voire fatale, à la labellisation de certains territoires. « L’Etat semble se désengager de la conception des parcs », indique-t-elle, avant de promettre une véritable guerre pour régler le problème : « Les parcs font partie d’une stratégie globale de la région, nous mettrons l’Etat devant ses responsabilités ! » Sans aller jusqu’aux armes de destruction massive, elle espère trouver des solutions lors du renouvellement des contrats de projets (période 2006-2013), actuellement en discussion.

« Les régions qui portent des projets de parc connaissent les conséquences budgétaires de leurs initiatives. Si Paca est vraiment si volontariste, la Région pourrait peut-être envisager d’augmenter son budget environnement », note Romain Lajarge. Les Verts en savent quelque chose. Depuis l’accord programmatique de 2004 « un euro pour Iter, un euro pour les énergies renouvelables », ils attendent toujours la budgétisation de leur projet « Alter Iter ». En attendant, le Conseil régional lance également une grande étude stratégique sur les parcs naturels régionaux existants et en cours pour, d’ici février 2007, clarifier ses prérogatives et unifier ses actions.

Jean-François Poupelin

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