Chez les Verts, tout n’est pas rose
Chez Europe écologie – Les Verts (EELV), les utopies ont toujours la cote. Dernière en date : constituer des listes autonomes dans les grandes villes pour les municipales, ligne nationale du parti. Problème, en Paca, comme ailleurs, cette louable ambition devrait se limiter à Marseille ! (voir encadré)
A Nice, Toulon ou encore Avignon, rattrapés par la réalité, les écolos devraient partir sur des listes d’alliance à choix multiples. Entre une région fortement ancrée à droite, des forces réduites et la menace du FN, EELV n’a pas le choix. Si les européennes de 2009 restent le graal – les Verts avaient devancé le PS -, en 2014 « on choisira la stratégie la plus efficace », résume Jacques Olivier, maire du Thor (84) et élu à la Région. Avec pour ambition de garder les quatre villes conquises par les écologistes – Guillestre et Le Puy-Saint-André (05), Mouans-Sartoux (06), Le Thor (84) – et de faire grossir le nombre d’élus « à trois chiffres », selon un calcul très précis de Denis Grandjean, secrétaire régional d’EELV.
La quête du graal
Pour y arriver, les écolos ont au moins deux atouts dans leurs manches. D’abord, la certitude d’être la seule véritable alternative au PS et à l’UMP, malgré un « manque d’audience contrairement au FN », pour reprendre les mots de Philippe Chesneau, co-président varois du groupe EELV au Conseil régional. « On est les seuls à innover politiquement. Dans le Briançonnais, Pierre Leroy [maire EELV du Puy-Saint-André, Ndlr] fait ce qu’il veut parce qu’il est le seul à avoir des idées », assure Thierry Baud, porte-parole du parti dans le 05. Seconde carte, une absence quasi totale de rancune. Si la participation de Cécile Duflot et Pascal Canfin au gouvernement de Jean-Marc Ayrault est de plus en plus décriée chez les militants, « elle n’aura aucun impact sur les alliances aux municipales », estime Philippe Chesneau.
« Dans les territoires moins en phase avec la pensée de gauche » – entendre les Alpes-Maritimes et le Var -, Denis Grandjean promet déjà des « listes communes ». A l’exception de Nice, où tout dépendra du candidat socialiste. « A Toulon, on ne va se compter. En 2008, toute la gauche n’a pas fait 25 % au premier tour », rappelle Philippe Chesneau. Mais la réalité locale pourrait aussi brouiller les cartes : notamment les ambitions hégémoniques du socialiste Robert Alfonsi dans la ville de sénateur UMP Hubert Falco et les divisions de la gauche (et de la droite) à La Seyne-sur-Mer.
Accords et désaccords avec le PS
Dans le Vaucluse, où les législatives ont laissé des traces, c’est même presque la guerre. Les écolos refusent de discuter seuls avec le PS. Ils n’ont toujours pas digéré la dissidence contre Jacques Olivier, candidat EELV-PS à Cavaillon, et sont persuadés qu’il y a bien eu accord avec le FN à Carpentras et Apt (www.lexpress.fr, 28/05). Résultat, hors Avignon où sauf mauvaise blague de la sulfureuse socialiste Michèle Fournier-Armand (le Ravi n°105) un accord devrait être trouvé avec le PS, ils sont plus que remontés. « Une quinzaine de villes vont basculer. A Orange, plus qu’un front républicain, c’est une union citoyenne qu’il faudrait, même avec une tête de liste UMP. Mais si on fait alliance avec le PS, on se crame ! », prévient une militante aux journées d’été d’EELV fin août.
Dans les Bouches-du-Rhône, la question est également tendue. Avec le PS, mais aussi le Front de gauche. En particulier sur la future intercommunalité marseillaise, dont François-Michel Lambert, député EELV de Gardanne, fait une question de principe. Alors que Pascal Durand, le secrétaire national d’EELV, refuse toute « excommunication » des communistes, le parlementaire tonne : « Qu’est-ce que nous faisons dans le Pays d’Aix [où le Front de gauche comme la plupart des socialistes s’opposent à la réforme du gouvernement, Ndlr] ? Je suis contre qu’EELV laisse son logo à une liste qui refuse la métropole pour des intérêts personnels ! »
In fine, « ça se décantera fin octobre », tempère Jacques Olivier, le maire du Thor. Une fois que le PS aura choisi ses têtes de liste et le Front de gauche sa stratégie. Chez les écolos, le changement ça n’est pas non plus pour maintenant.
Jean-François Poupelin