Ivaldi sait composer

juin 2012
Avant même les premières mises en examen, le directeur de l'office HLM de la ville de Marseille et proche de Renaud Muselier, le secrétaire départemental de l'UMP des Bouches-du-Rhône, a déjà pris les devants. Pour filer par derrière ?

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Après la gauche et son « Guérini Gate », c’est à la droite d’être dans le viseur de la justice avec Habitat Marseille Provence, l’office HLM de la ville de Marseille. En 2011, la Miilos, le gendarme des HLM, avait tiqué face aux 219 349 euros d’indemnités de l’ancienne directrice, Nicole L’Hernaut, licenciée alors qu’elle avait l’âge de la retraite. Et de pointer également une flopée de marchés passés « sans publicité ni mise en concurrence ».

Outre l’attribution de la com’ à Leaders & Opinions (qui travaille aussi pour MPM ou la ville de Marseille), du contrôle des comptes au socialiste Alexandre Bizaillon (qui bosse aussi pour… 13 Habitat) et du recouvrement des loyers pour les baux commerciaux pendant trois ans et pour 271 277 euros au cabinet IAG, HMP a eu recours pour des « prestations d’assistance juridique » et 735 000 euros à une dizaine de cabinets d’avocats.

A l’instar de son confrère Jean-Louis Tixier (accessoirement membre du Parti radical et adjoint à la mairie UMP de la Ciotat), la compagne de Renaud Muselier, Me Stéphanie Clément vient d’être mise en examen, chacun ayant touché plus de 80 000 euros entre 2005 et 2009 (lire le Ravi de plâtre). Alors, Jean-Luc Ivaldi, le directeur d’HMP et ancien collaborateur du « chevalier blanc », temporise. Ayant assuré, suite à la publication de ses échanges téléphoniques avec les avocats du député UMP, que ces errements n’étaient pas de son fait et qu’il n’y avait pas de « favoritisme », il a, en interne, mis en place une « commission de suivi du rapport de la Miilos ».

Si, pour lui, c’est au tribunal administratif de trancher le cas « L’Hernaut », concernant les avocats, Ivaldi sait composer : « L’office n’a pas à interdire à un cabinet de candidater parce qu’il est en relation avec l’équipe municipale, assène-t-il, comme on peut le lire dans les documents que nous avons pu consulter. Pourquoi ne pourrait-on confier des affaires à un avocat sous prétexte qu’elle est l’épouse d’un élu ? » Et de glisser que « le cabinet de Michel Pezet est aussi avocat d’HMP ». Malin, non ? Sourire de Pezet : « On n’a jamais reproché à Guérini d’avoir un avocat qui ne votait pas forcément socialiste. »

Soupir d’un administrateur : « Ivaldi veut faire bonne figure, en montrant qu’HMP ne travaille pas qu’avec des avocats de droite. Mais, en arrivant à la tête de l’office HLM, il a réduit le recours à ces cabinets d’avocats. Preuve qu’il y avait bien un souci quelque part… » Quand les administrateurs se plaignent de n’être au courant de rien, on les renvoie à… internet ! Et le patron d’HMP de rappeler qu’« il n’avait aucune obligation de créer cette commission ».

En attendant le prochain CA, Jean-Luc Ivaldi – pour qui « la presse ne soulève pas un problème, elle accuse et interprète » – vient, « en cas d’absence ou d’empêchement du directeur général », de déléguer « pouvoir » et « signatures » à tout son entourage. Réaction d’un membre du CA : « Il préparerait son départ qu’il ne s’y prendrait pas autrement. Même s’il nous a assuré du contraire, on sent bien qu’être à la tête d’un office HLM ne l’intéresse pas vraiment. C’est avant tout un politique. » Qui connaît ses gammes. Et la chanson.

Sébastien Boistel

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