Handicapé dans le Sud-Est : la double peine !

septembre 2011
L’Association des Paralysés de France a publié son « Baromètre de l’accessibilité » pour les 96 chefs-lieux de l’Hexagone. Bilan : les villes du Sud trustent obstinément le bas du classement.

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Quatre villes (Ajaccio : 86e, Bastia : 88e, Nice : 90e et Marseille : 95e) parmi les dix dernières en termes d’accessibilité : le Sud-Est fait fort dans le mépris des « personnes à mobilité réduite ». Pour la seconde année consécutive, l’Association des Paralysés de France (APF) a rendu les conclusions de son « Baromètre de l’accessibilité », prenant en compte non seulement les possibilités d’accès aux services publics, transports, logements, commerces ou équipements de santé, mais également la politique municipale.

À mi-chemin de l’échéance de mise en application de la « loi handicap » (1), l’association cherche avant tout à « évaluer le degré d’implication des communes dans leur mise en accessibilité ». Un degré qui, en Paca comme en Corse, semble inversement proportionnel à ceux relevés par Météo France à 14 heures, un jour de canicule. Une situation résumée tout en délicatesse par l’APF : « Il demeure toujours cette difficulté récurrente pour les villes du Sud, et notamment le pourtour méditerranéen, à véritablement impulser une authentique politique d’accessibilité. »

À Nice, par exemple, trois lignes de bus (sur 80 !) sont accessibles aux handicapés, et la commission intercommunale pour l’accessibilité censée piloter la politique locale ne s’est réunie qu’une seule fois… lors de sa création en 2008. Du côté de Bastia, la même commission, prévue par la loi de 2005, a vu le jour en juin dernier ; en réaction, disent les mauvaises langues, au précédent baromètre de l’APF, qui plaçait la ville en dernière position.

Mais en 2011, c’est Marseille qui récolte la palme régionale, avec une avant-dernière place, plombée par l’inaccessibilité chronique de l’ensemble de ses services municipaux et, c’est peu de le dire, de ses transports : pas de métro pour les handicapés dans la deuxième ville de France. « La mairie dit être consciente de tout ce qu’il reste à faire, mais elle prétend ne pas avoir les moyens pour mettre en œuvre les travaux d’aménagement ! », se désole Linda Amroun, de l’APF 13. Consciente, la mairie ? Jean-Claude Gaudin en personne se félicitait, lors du dernier Forum du handicap, au parc Chanot, « d’avoir rendu le métro accessible ». Quand des voix se sont élevées pour lui signifier son erreur, il se reprenait d’un « Ah bon ? Je vais me renseigner ».

Sans doute pour prouver sa bonne volonté, la municipalité, sur son site, évoque « la mise en place d’une politique globale d’intégration sociale pour améliorer la vie des personnes handicapées et inadaptées ». Voilà donc l’explication : les handicapés sont en réalité « inadaptés » à notre société !

Un point positif pour la région, tout de même : l’honorable 27e place de Toulon, qui se démarque de ses voisines sudistes grâce à une bonne note récompensant sa « politique volontariste ». Il faut dire que la ville compte depuis plusieurs années un conseiller municipal délégué à l’accessibilité très actif, lui-même paraplégique et… médaillé d’or de tennis de table (par équipe) aux Jeux de Pékin. Avoir fait évoluer les choses dans le Sud-Est est peut-être un plus grand exploit.

Gabriel Blaise

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