Quand « Monsieur frère » rêvait de contrôler… l’OM

septembre 2011
Les premières écoutes de l’enquête sur des marchés publics supposés frauduleux dans les Bouches-du-Rhône montrent que l’interventionnisme d’Alexandre Guérini était protéiforme...

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« Incontrôlable. » Pour certains socialistes marseillais, l’affaire dite « Déchets 13 », dans laquelle Alexandre Guérini est mis en examen et incarcéré depuis trois mois, a au moins une vertu : les débarrasser d’un personnage trop encombrant. Clientélisme effréné (attributions de logements, d’emplois, de subventions), interventionnisme dans les marchés publics à son profit et dans le fonctionnement des collectivités gérées par la gauche, etc., le frère de Jean-Noël, sénateur et président socialiste du conseil général des Bouches-du-Rhône, ne s’est effectivement rien interdit depuis la prise de la Communauté urbaine de Marseille par le PS en 2008.

En juin 2009, « Monsieur frère » décide par exemple de prendre en main l’avenir de l’Olympique de Marseille. Président du club depuis quatre ans, Pape Diouf est proche de la sortie. Le 17 juin, jour de son licenciement, Alexandre Guérini, visiblement mal informé, envoie un SMS à un ami. « Il faut lier la privatisation du stade au départ de Diouf, téléguidé par l’indic en accord avec Dreyfus [Robert Louis-Dreyfus, actionnaire majoritaire de l’OM, Ndlr] qui, en devenant propriétaire du stade, peut vendre plus vite et plus cher. Pour l’indic, il faut absolument dégager Anigo [truculent directeur sportif du club, Ndlr] et Diouf pour avoir les supporters avec lui », explique très sérieusement l’homme d’affaires spécialisé dans les déchets.Amusé par la nouvelle lubie du cadet des Guérini, son interlocuteur l’asticote lorsque l’entrepreneur lui apprend la mort de RLD, début juillet. Après l’avoir fait mariner, il lui lâche le nom du successeur de l’homme d’affaires suisse : « Molitor », un ancien international rangé des circuits depuis des lustres. Réponse d’Alexandre : « Vas… »Finalement, Jean-Claude Dassier, un ancien de TF1, prend la tête du club, le stade reste propriété de la mairie et José Anigo amuse toujours autant avec ses analyses d’après match. Imperturbable, le frère du patron des socialistes marseillais réclame le maillot de l’Argentin Lucho Gonzalez, tout juste débarqué. L’histoire ne dit pas s’il obtient satisfaction au moins sur ce point…

Même enthousiasme et même réussite d’Alexandre Guérini à propos du rachat de La Chaîne Marseille. À la même période, la télé locale est, elle aussi, en pleine turbulence. Actionnaire majoritaire, la société générale souhaite se désengager. Là encore, l’entrepreneur s’immisce dans le dossier. Le 26 juin, un de ses amis l’appelle et lui annonce : « Le déj’ s’est très bien passé dans le sens dont on avait parlé. X […] n’a pas dit qu’il connaissait Jean-Noël. Seulement qu’il l’a rencontré une fois rapidement. Mec discret, proche de l’OM, parle d’une mutualisation entre l’OMTV et LCM… Prêt à contribuer au tour de table […]. »Las, son poulain n’y participe pas. Droit au but ! Mais totalement hors jeu…

Jean-François Poupelin

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