Le vieux lion et le jeune loup

juillet 2010
A priori, tout oppose le maire UMP de Manosque et celui PS de Forcalquier : l'étiquette politique, l'âge, le style. Mais l'UMP et le PS s'entendent bien. Et si le second succédait un jour au premier ?

Bernard Jeanmet, 73 ans, UMP, a fait ses armes dès la fin des années 70 en tant qu’adjoint aux sports de Jean Cabanne puis de Louis Raffali, deux maires RPR de Manosque. « Je ne suis pas un politique, mais un ancien industriel », aime souligner celui qui se présente volontiers comme un « autodidacte ». « C’est un ancien ouvrier ayant fait un bon mariage et su faire prospérer la boite de son beau-père », explique Martine Carriol, conseillère d’opposition PCF. Une entreprise, Barras-Provence, qui a fait profit avec le CEA de Cadarache, la bonne fée atomique de Manosque.

« La ville n’est pas une PME, les électeurs ne sont pas des salariés. Pourtant, le maire dit qu’il gère Manosque comme une entreprise. Pour lui, cela veut dire, « je décide, les autres appliquent » », commente Roland Aubert, conseiller d’opposition socialiste. Michel Jacod, secrétaire de Gam 21 (Groupe action Manosque), assène : « Le maire est un affairiste. Imperméable à la critique, il choisit la facilité en laissant faire les promoteurs. » A quoi l’intéressé répond : « Oui je raisonne comme un industriel, oui je fais du béton. Mais je maîtrise le foncier pour éviter toute spéculation. Je suis plus progressiste que bien de mes adversaires. »

Christophe Castaner, 44 ans, socialiste, a fondé lui aussi une sorte d’entreprise : celle dont il est l’unique employé et la raison sociale. « Depuis qu’il est en âge de travailler, il fait de la politique. C’est son école », commente Martine Carriol dont le père allait à la chasse avec papa Castaner. En 1998, il est nommé chef de cabinet de Catherine Trautmann, ministre de la Culture. Lorsqu’il se présente aux municipales à Forcalquier, cela surprend. « Il a été question que je sois candidat à Paris. Mais pour moi, il n’y a pas de 1ère et de 2ème divisions », explique-t-il.

« On peut être prétentieux sans réussir »

Elu avec 31 voix d’avance en 2001, il a été reconduit avec plus de 64 % en 2008. Difficile, désormais, de trouver quelqu’un qui dise du mal de Monsieur le maire, même à son extrême gauche, très active à Forcalquier. « Il a oublié d’être con quand il était petit, souligne François Bouchardeau, militant turbulent. C’est un opportuniste mais souvent au bon sens du terme. Cela dit, je n’oublie pas, qu’entre autre, c’est le type qui a fait dans la région la propagande pour Iter. »

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Christopher Castaner est le quadra qui monte en Paca. Chargé du programme du PS aux régionales, il vient d’être réélu vice-président et gratifié d’une délégation à rallonge : emploi, développement économique, enseignement supérieur, recherche, innovation. « Il veut gravir les échelons, Forcalquier est trop exiguë pour lui, souligne Alain Pascal, conseiller UMP d’opposition. Il se pense héritier de Jeanmet, le maire de Manosque, à la tête de la communauté d’agglomération (Cf ci-dessus). Il vise la députation. Et si Daniel Spagnou ne se représente pas, faut être réaliste : Castaner a sa chance. »

En 2007, le maire UMP de Sisteron a emporté les législatives de peu face à Christophe Castaner. Daniel Spagnou affirme aujourd’hui ne pas être candidat à sa succession. Mais il n’a aucune envie de laisser son fauteuil à son rival. « On peut être prétentieux, ambitieux, sans réussir », lance-t-il. Et de déclarer, acide : « Je n’ai pas de mauvaises relations avec M. Castaner même si je travaille plus avec Jean-Louis Bianco, un véritable homme d’Etat. » Bianco, 67 ans, président du Conseil général des Alpes-de-Haute-Provence, député PS de la 1er circonscription. L’homme avec lequel Christophe Castaner doit encore composer…

M.G.

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