Raison n°6 Aider la gauche à se re(dé)composer

juin 2010
Membre de la Fase, la Fédération pour une alternative sociale et écologique, Rémy Jean a échoué à promouvoir en Paca l'union de « l'autre gauche ». Mais il ne s'abstiendra pas et garde espoir...

Une liste unitaire de toute la gauche anti-libérale du PCF au NPA ? Une convergence déjà en marche entre cette liste et Europe Ecologie pour le second tour ? a existe ! Pas en PACA, hélas, mais pas loin, en Languedoc-Roussillon. Effet anti-Frèche sans doute, mais surtout lucidité partagée des uns et des autres, dans cette région, sur les ravages de la division des forces de la transformation sociale et écologiste.

Pourquoi ce qui est possible en Languedoc est-il impossible en Provence ? Comme hélas dans la majorité des régions. Question à poser au PCF et au NPA. On ne répondra pas à leur place. Mais force est de constater leur persistance à préférer ce qui les sépare à ce qui les rassemble. Avec mes amis de la FASE (Fédération pour une alternative sociale et écologique) et avec d’autres militants unitaires, nous n’avons pas ménagé nos efforts pour que l’union de cette « autre gauche » se réalise. Forums publics, appels unitaires dans les réseaux militants, pourparlers multi et bi-latéraux inlassables pendant plusieurs semaines. Rien n’y a fait. Une fois de plus, ceux qui se retrouvent si souvent ensemble dans les luttes quotidiennes se présenteront désunis aux élections, une désunion qui nourrit d’un côté l’abstentionnisme et de l’autre le vote dit « utile » pour un PS qui continue d’apparaître à beaucoup comme un moindre mal face à une droite toujours plus anti-sociale et autoritaire.

C’est pourtant peu dire qu’il y a urgence – et ça fait déjà un moment – à proposer à nos concitoyens une vraie perspective de rupture avec un libéralisme qui a conduit le monde à la crise majeure que nous connaissons. C’est peu dire qu’il y a urgence à leur proposer, sur le terrain électoral, une alternative à la domination sans partage des marchés financiers sur nos existences. Alternative sociale autant qu’écologique tant ces deux enjeux ont aujourd’hui partie liée.

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La désunion de l’« autre gauche » est d’autant plus désolante qu’elle ne manque ni de ressources ni de potentiel. Dans les mouvements sociaux, dans les syndicats, dans les résistances citoyennes, dans la solidarité internationale, des centaines de milliers de personnes font vivre au quotidien les valeurs de la transformation sociale et écologique. Le succès de la votation citoyenne pour le statut public de La Poste avec ses deux millions de participants en a encore fait récemment la démonstration. Des associations comme Attac ou la Fondation Copernic élaborent des analyses et des propositions qui donnent à ces valeurs un contenu de plus en plus crédible et de mieux en mieux partagé. La crise elle-même ébranle profondément le système et met en cause sa légitimité aux yeux d’une partie croissante de la population.

Désunion désolante donc. Mais que les unitaires de l’ « autre gauche » et tous ceux qui appellent de leurs vœux une alternative au libéralisme ne sauraient se contenter de subir et de déplorer. Nombre d’entre eux sont présents sur les listes du NPA, du Front de Gauche ou d’Europe Ecologie. Ils continuent à travailler pour y faire avancer l’idée du rassemblement de toute la gauche de transformation sociale et écologique. A l’intérieur même des partis qui composent cette gauche, au PCF, au PG, au NPA ou chez les Verts, des militants de plus en plus nombreux cherchent à faire tomber les barrières et à établir des passerelles entre les uns et les autres. Pour tous les autres, encartés ou non, militants, un peu, beaucoup ou pas du tout, zapper l’élection qui vient ou mettre par défaut dans l’urne un bulletin rose pâle serait une forme de renoncement. Bien sûr, il faudra sans hésiter battre la droite (et peut-être l’extrême-droite) au second tour, mais au premier tour votons et faisons voter pour une des listes porteuses des exigences de transformation sociale et écologique dans lesquelles nous nous reconnaissons, celle du Front de Gauche, du NPA ou d’Europe Ecologie. Aucune de ces listes n’échappe à la critique, mais chacune porte une partie du message à faire entendre à l’occasion de cette élection. La force de ce message sera fonction de leurs résultats le 14 mars.

Le meilleurs cas de figure serait que toutes ces listes passent la barre des 5% et fusionnent au second tour avec la liste socialiste pour la tirer le plus à gauche possible et faire entrer à la région un maximum d’élus capables de répondre pour de bon aux attentes sociales, écologiques et démocratiques de nos concitoyens.

En attendant que l’exemple du Languedoc-Roussillon fasse école dans le reste du pays.

Par Rémy Jean

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